Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/288

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dans le cours de plusieurs années, pour empêcher la séve de circuler. Les rameaux augmentent alors à peu près comme s’ils étoient sains. Il reste pourtant non-seulement une cicatrice assez considérable à l’endroit où l’excroissance s’étoit formée ; mais on observe que les parties voisines se vicient successivement, & que le mal s’étend assez loin. Il se manifeste par des gerçures qui ont des directions irrégulières, & qui paroissent indiquer des galeries tracées par un insecte.

» Ces chenilles, toutes foibles qu’elles sont, sont pourtant très funestes ; mais c’est parce qu’elles sont très-multipliées, parce qu’elles attaquent les pousses naissantes, parce qu’enfin le mal qu’elles produisent, se perpétue. Leur piqûre à l’aisselle des feuilles est le foyer d’un chancre qui s’étend successivement, & qui détruit enfin l’organisation des rameaux.

» Je n’ai encore fait connoître que la moitié du mal produit par la chenille dont je fais l’histoire : elle se nourrit de la chair de l’olive, & elle pénètre dans l’intérieur du noyau pour manger l’amande.

» C’est vers le milieu du mois d’août qu’elle commence à faire ses dégâts, & elle les continue jusqu’à ce que l’on recueille l’olive. On sait que le noyau de ce fruit est fort dur, mais il se trouve, à la partie qui répond immédiatement au pédicule, un petit espace par lequel l’amande tire la nourriture, qui est toujours tendre. Son diamètre n’est pas grand, une épingle ordinaire y passe avec quelque difficulté, mais cette largeur est suffisante pour permettre à la chenille de pénétrer dans le noyau. Son instinct la conduit à cet endroit foible. Souvent elle coupe entièrement les liens qui attachent le pédicule à l’olive, elle suit alors sa proie : souvent aussi elle ne détruit qu’une partie des ligamens, l’olive reste alors suspendue ; mais à proportion que le dommage qu’elle a ressenti est considérable, elle donne plutôt des signes de maturité. Elle tombe lorsque le vent l’agite, ou lorsque le temps de la métamorphose arrivant, l’insecte sort de sa retraite. Toutes les olives dont le noyau est attaqué en août & en septembre, sont entièrement perdues pour le propriétaire, parce qu’elles ne renferment encore que peu d’huile. Celles qui tombent ensuite par la même cause, peuvent être cueillies avec quelque avantage.

» J’ai trouvé aux premiers jours du mois d’août des olives à terre, percées à la partie qui répond au pédicule ; j’en cassai les noyaux, & j’y trouvai des chenilles mineuses. Ces insectes n’auroient pas resté longtemps dans cet endroit, parce que l’amande n’étoit pas encore formée. Si on prend au mois de septembre ou à la fin d’août quelques-uns de ces fruits piqués vis-à-vis le pédicule, on verra l’amande dévorée en tout ou en partie, & la place qu’elle occupoit remplie d’excrémens noirs. Il est certain que les années où un très-grand nombre d’olives est piqué, les matières excrémentitielles se combinent avec l’huile, lui donnent un mauvais goût & la rendent quelquefois noire ; d’où il résulte une nécessité absolue de mettre de côté toutes les olives tombées par terre avant le temps de la récolte.

» J’ai observé généralement que les espèces dont les fruits ont beau-