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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/296

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drogues, n’est-il pas clair que la guérison ne tient pas à l’onguent. Les abus dans ce genre sont crians ; la capitale va en fournir la preuve.

À la fin de chaque année, les maîtres-gardes du collège de pharmacie font une visite chez leurs confrères, & les obligent de se défaire de leurs drogues vieilles ou altérées ; elles sont vendues aux chirurgiens & pharmaciens habitans des campagnes : ces derniers les achètent à bon marché, & s’en servent pour composer les onguens & les emplâtres dont ils auront besoin. Pareille réforme a lieu chaque année, dans les hôpitaux de Lyon, & elle entraîne à sa suite le même abus. Cependant les drogues de rebut métamorphosées en onguent, sont réputées pour guérir les plaies des malheureux habitans de la campagne : il est donc clair que c’est la nature qui les guérit & non les onguens, puisque, de l’aveu des maîtres de l’art, ils ne sont pas dignes d’être employés dans les préparations destinées au service ou des hôpitaux ou des habitans des grandes villes. Il y a abus dans le choix des drogues, dans leur dose, dans la manipulation, & l’on guérit sans savoir quelle substance a guéri plutôt qu’une autre.

On a classé les onguents comme les maladies, & la classe de ceux qui sont réputés les plus propres à la régénération des chairs, est la plus nombreuse. Cependant la chair une fois pourrie ou détruite, ne se régénère point ; la peau seule est susceptible de régénération, & elle seule, par sa croissance & par la réunion de ses parties, consolide & ferme la cicatrice.

Je ne finirois pas si je mettois sous les yeux des lecteurs la longue suite d’abus qu’entraîne l’usage des onguens. Voyez ce qui a déjà été dit au mot Emplâtre, & sur-tout consultez le Mémoire de M. Champeaux, inséré dans le tome IV des prix, publié par l’académie de chirurgie de Paris. Il est impossible de se refuser à l’évidence. Les graisses, les huiles, le beurre, la cire, sont les excipiens les plus communs des onguens. Chacun sait que ces substances ont une singulière tendance à la rancidité ; que cette rancidité est promptement établie, si elle ne l’est déjà, ou augmentée par la chaleur du corps. On sait également que les substances rances deviennent des vésicatoires, excitent l’inflammation, & en un mot, que tout corps graisseux appliqué sur la peau, s’oppose à la transpiration insensible, & la répercute : de là des amas d’humeurs en différentes parties. Aussi quels ravages ne produisent pas les onguens appliqués sur les dartres, les érésipèles, les brûlures, & sur toutes les maladies de sa peau ? Si malgré ce que je viens de dire, on persiste à se servir des onguens, voici la recette de quelques-uns des plus renommés & des plus faciles à préparer.

Basilicum. Cire jaune, résine blanche, encens, de chacun trois onces. Mettez le tout sur un feu doux, & quand le tout sera fondu, ajoutez deux onces de saindoux ; passez l’onguent tandis qu’il est encore chaud. On se sert de cet onguent pour nettoyer & favoriser la guérison des plaies & des ulcères.

Onguent blanc. Huile d’olives, une livre, cire blanche & blanc de baleine, de chacun trois onces. Faites fondre à une douce chaleur, re-