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corps d’une blancheur éblouissante, de regarder fixement le soleil, un feu clair ou tout autre objet éblouissant, & de passer subitement d’une profonde obscurité à une lumière éclatante.

L’ophtalmie n’est pas toujours une maladie essentielle, elle est souvent symptomatique & produite par quelque maladie invétérée, comme la vérole, les écrouelles & autres maladies très-opiniâtres.

Il règne souvent en été des ophtalmies épidémiques. On a même observé qu’elles devenoient contagieuses, particulièrement pour ceux qui vivoient dans la même maison que le malade.

Le meilleur remède contre l’inflammation de l’œil, est la saignée ; on doit la pratiquer ordinairement dans l’endroit le plus près de la partie affectée. Il faut donc ouvrir la veine jugulaire quand l’inflammation est portée au dernier degré ; mais quand elle n’est pas extraordinaire, la saignée du bras, plus ou moins répétée, procure assez promptement du soulagement aux malades.

L’application des sangsues aux tempes & aux paupières inférieures a toujours les plus grands succès, surtout si l’ophtalmie ne dépend pas d’une pléthore générale. Les malades doivent prendre en assez grande quantité des boissons délayantes & quelques remèdes laxatifs.

Les tisannes les plus appropriées à cette maladie, sont le petit lait, une limonade légère, l’eau de veau nitrée, l’eau d’orge, celle de gruau d’avoine.

Les pédiluves aiguisés avec la moutarde en poudre, ou avec une forte dissolution de savon, produisent le plus grand bien ; mais il faut en prendre au moins deux par jour, le matin & le soir.

On combattra l’ophtalmie causée par la suppression de quelque évacuation habituelle, par l’application des sangsues à l’anus, si elle dépend de la suppression du flux hémorroïdal ; on emploiera la saignée du pied, s’il faut rétablir l’évacuation périodique des règles : enfin on appliquera des cautères dans certains endroits, ou des vésicatoires au col ou entre les deux épaules, s’il faut évacuer une quantité d’humeurs qui se sont portées sur l’œil, soit par métastase ou par toute autre cause. Lorsque la maladie subsiste depuis long-temps, on obtient de bons effets d’un séton qu’on ouvre entre les deux épaules, ou au cou. Lorsque la chaleur & la douleur sont très-considérables, on doit appliquer des cataplasmes faits avec des pommes reinettes cuites dans l’eau de rose. La pulpe des pommes pourries ou cuites sous la cendre, sert dans le même cas, & avec un égal succès. Une émulsion simple employée en fomentation, calme aussi la douleur des yeux.

Si les malades sont tourmentés d’insomnie, on leur donnera quelques gouttes de laudanum liquide dans une émulsion simple.

Enfin on en vient aux collires pour laver & déterger les yeux, lorsque l’inflammation est dissipée.

On emploie pour cela un mélange d’une cuillerée d’eau-de-vie & de cinq cuillerées d’eau commune, ou bien trois onces d’eau distillée de frai de grenouille & de celle de morelle, un gros des trochaïques blancs de rhasis, & dix grains de sucre de saturne qu’on mêle ensemble, & on en bassine les yeux plusieurs fois dans la journée.