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L’inflammation & les rougeurs des yeux ne demandent souvent pour être guéries, que le rétablissement du ressort des petits vaisseaux de la cornée & des paupières, il faut alors se servir du collire suivant. Prenez un gros de vitriol blanc, douze grains de camphre, vingt-quatre grains d’iris de Florence ; mettez macérer pendant quatre heures dans un blanc d’œuf durci dont le jaune aura été ôté auparavant, avec six onces d’eau de plantain, broyez le tout jusqu’à une entière solution & coulez. M. AMI.

Ophtalmie. Médecine vétérinaire. Inflammation du globe de l’œil à laquelle le cheval est beaucoup plus sujet que le bœuf & le mouton. Pour peu que cet animal se froisse contre quelques corps durs, ou qu’il ait reçu un coup sur l’œil, il lui survient une rougeur plus ou moins grande & étendue dans la partie antérieure du globe, désignée sous le nom d’ophtalmie.

Outre ces causes accidentelles, le tempérament du sujet, la constitution de l’air & du sol qu’il habite, un virus interne quelconque, entrent aussi pour beaucoup dans le pronostic de cette maladie.

Les chevaux, par exemple, d’un tempérament humide, ou qui vivent dans des pâturages marécageux, en sont plus souvent & plus long-temps affectés que ceux qui habitent les montagnes. Il en est de même de ceux dont l’inflammation est entretenue par une maladie, telle que la gale, le farcin, les dartres, la morve, &c. Elle ne cédera point aux remèdes ordinaires sans le secours des remèdes propres à combattre ces genres de maladies, & supposé qu’elle se dissipe, ce ne sera que pour un court espace de temps. (Voyez Dartres, Farcin, Gale, Morve) Mais hors tous ces cas, pour guérir l’ophtalmie, il suffit seulement de saigner une ou deux fois l’animal, suivant le degré d’inflammation, & de bassiner souvent l’œil avec de l’eau vulnéraire, ou bien avec une légère infusion de roses & de plantain. M. T.


OPIUM. Extrait gomme-résineux préparé avec le suc exprimé des feuilles, des tiges & des têtes de pavot blanc : l’Égypte & la Turquie fournissent toute l’Europe de cette préparation ordinairement remplie d’impuretés, & qu’on est obligé de purifier avant de l’employer en médecine. Les pavots blancs de nos jardins fourniroient un opium aussi parfait que celui d’Égypte, si on s’occupait en France de la culture de cette plante. On enlève toute la graine des têtes, on pile les coques, jusqu’à ce qu’elles soient réduites en poudre très-fine : on prend une once de cette poudre qu’on laisse infuser à froid pendant deux jours, dans deux pintes d’eau : après cela, on exprime l’eau contenue dans les têtes, & on passe le tout par le filtre. On fait ensuite évaporer au bain marie, jusqu’à ce que la liqueur soit et réduite à un demi-setier. Après l’avoir filtrée de nouveau, on la verse sur des assiettes de faïence où elle reste en évaporation jusqu’à siccité ; enfin, l’opium collé fortement aux assiettes, & qui en est détaché, est mis dans une bouteille bien bouchée, il sert aux mêmes usages que celui de Turquie, & il est moins dangereux. Une fermentation de quelques heures ou d’un jour, fait perdre à l’opium sa qualité narcotique.