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Aussitôt après avoir séparé la semence de la pulpe, on la confie à la terre ; si elle est sèche & maintenue telle, la semence ne germera pas ; elle se conservera pendant l’hiver, & ne développera sa radicule qu’au printemps.

Les semences mises en terre dans le cours de l’été, donnent & produisent les rudimens de petits arbustes si tendres & si délicats, qu’ils passent difficilement l’hiver, même dans les bonnes orangeries. Il est donc avantageux d’avoir des graines prêtes à germer au printemps, telles que celles que l’on met en terre & que l’on y conserve pendant l’hiver. La terre ou le sable empêchent que la semence ne se dessèche & ne se hâle par l’impression de l’air, & sa germination est beaucoup plus prompte que celle qui n’a pas été conservée par ce moyen.

On sème en général trop épais les graines ; elles doivent être placées en échiquier, & au moins à quatre pouces de distance les unes des autres : on en verra bientôt la raison.

La terre destinée aux semis doit être composée moitié de terreau de vieilles couches, bien consommé, & moitié d’une bonne terre franche. Au défaut de ce terreau peu commun ailleurs que dans la capitale, on en préparera un avec des feuilles que l’on fera pourrir, celles du noyer exceptées. La terre noire que l’on trouve dans les troncs des vieux saules, des vieux, peupliers, &c. est excellente. Le point essentiel est de se procurer une terre très-douce, légère, & très-substantielle.

Dans les provinces du midi du royaume, on remplit de cette terre des caisses ou des pots, & on les place contre des expositions abritées des vents froids. Dans celles du nord, les semis exigent plus de soins. On prépare des couches, des chassis, (voyez ces mots) & chaque pot est enterré dans ces couches modérément chaudes. Les sujets ainsi élevés craignent ensuite beaucoup plus le froid que ceux élevés suivant la méthode des provinces méridionales.

La semence enterrée & recouverte à la hauteur d’un pouce, exige de petits arrosemens au besoin, d’être débarrassée de toute herbe parasite, & lorsque la tige commence à s’élever, de serfouir la terre de temps à autre. Comme dans les provinces du midi la chaleur & sur-tout l’évaporation sont très-fortes, il est bon de couvrir la superficie de la caisse ou du pot avec de la paille hachée & encore mieux avec du crottin de cheval ; ils maintiennent & conservent l’humidité dans la terre. Je me suis très-bien trouvé de changer tous les mois ce crottin, de le remplacer par du crottin frais, & de donner aussitôt une bonne mouillure. Cet engrais faisoit pousser vigoureusement les jeunes pieds ; or, ce point est essentiel, afin qu’ils acquièrent une certaine force, une certaine consistance avant de les fermer dans l’orangerie.

La coutume généralement suivie est de lever, à la fin de l’année, chaque pied, de le replanter dans un pot. Si on a eu soin de semer, dans des caisses ou dans des pots, profonds, si chaque graine a été semée à une distance convenable je préfère attendre à la fin de la seconde année ; les pieds ont plus de corps, plus de racines, & ils se