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fer, & de l’élever en haute tige ; mais cette manière de greffer est sujette à des inconvéniens, lorsque l’on désire avoir des troncs élevés : pendant la première & la seconde année, le jet formé par la greffe est tendre, peu ligneux, & il est par conséquent sujet à être cassé ou surpris par les premières gelées, ou enfin à souffrir & à se dessécher dans l’orangerie. Le tronc alors ne reste plus droit, uni ; il forme un coude dans la partie d’où part la nouvelle tige, & la beauté du tronc dépend de sa régularité. Il vaut beaucoup mieux placer les greffes à la hauteur de la tige que l’on désire conserver. D’ailleurs, en greffant près des racines on ne doit placer qu’une seule greffe, & si elle ne reprend pas, c’est une année perdue, & il est à craindre qu’à la seconde l’écorce ne soit trop dure. Au contraire, les jeunes branches de la tête de l’arbre permettent de placer plusieurs greffes qui reprennent plus facilement, & leur nombre supplée celles qui ne prennent pas. D’ailleurs, la greffe placée près des racines, produit rarement une tige belle, haute & nette.

L’époque de greffer dépend de la chaleur du pays que l’on habite. On peut greffer en écusson dès que la séve est en mouvement dans l’arbre, & que la peau se soulève facilement ; ou à œil dormant. (Voy. le mot greffe) Plusieurs personnes pensent qu’il est nécessaire de placer la greffe en sens contraire, c’est-à-dire de haut en bas ; il en résulte une courbure inutile, & cette manière contre nature prouve combien l’oranger est un arbre peu délicat dès qu’il trouve un degré de chaleur convenable à ses besoins & approchant de celui de son pays natal. La greffe en écusson, placée comme celle des autres arbres fruitiers, réussit beaucoup mieux ; j’en ai la preuve sous les yeux. On greffe à œil dormant pendant l’été ; la conduite est ici la même que celle décrite au mot greffe. L’onguent de saint Fiacre (voyez ce mot) doit recouvrir toutes les plaies que l’on a faites ; les cires naturelles ou composées, les mastics, &c., sont au moins inutiles, en supposant qu’ils ne soient pas dangereux.

Le tronc de l’arbre que l’on veut greffer doit avoir au moins la grosseur du petit doigt, & encore mieux celle du pouce dans l’endroit où l’on place la greffe. La grosseur du petit doigt suffit pour les branches.

Une autre observation à faire lorsque l’on greffe sur les orangers provenus de semis ou de boutures, &c. est que si on place une greffe de citronnier, il est à craindre que par la suite il ne se forme dans cet endroit une exostose, un bourrelet. L’inégalité dans la force de végétation de ces deux arbres en est la cause & rend le tronc difforme. Il vaut donc bien mieux greffer les citronniers sur eux-mêmes que sur l’oranger, & même greffer sur citronnier autant qu’on le peut. L’oranger se greffe encore par approche. (Voyez le mot greffe)


CHAPITRE IV.

De la conduite de l’oranger provenu du semis ou de bouture, après qu’il est greffé.


§. I. De la plantation. Lorsque l’on ne veut pas prendre la peine de semer, de marcoter, &c., on