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elle est plus ou moins surchargée. Elle consiste en général dans un mélange de crottin de cheval, de celui de mouton, de fiente de vache, de lie de vin, de salpêtre, &c. & de toute espèce d’assemblage ridicule qu’on imagine. Les plus sages se contentent d’avoir du fumier vieux, bien consommé, point éventé ; d’en jeter une quantité proportionnée au besoin dans un bassin, dans un creux, &c. de le remplir d’eau & de laisser le tout ainsi pendant plusieurs jours. La fermentation ne tarde pas à s’y établir, & lorsqu’elle s’est bien manifestée, on arrose les caisses avec cette lessive. L’opération est très-bonne en elle-même, mais dans ce cas elle est faite à contre-temps, puisque la terre des caisses est censée avoir déjà été préparée avec soin. Elle n’exige donc pas, dans ce moment, une surabondance de principes, sur-tout quand les racines n’ont pas encore travaillé : un arrosement avec de l’eau simple suffit. Si l’on emploie cette lessive un mois après, elle produira beaucoup plus d’effet, & réparera le commencement de la déperdition de principes que la terre aura déjà éprouvée : mais un moyen plus simple m’a toujours réussi, soit au centre, soit au midi du royaume ; tous les mois ou toutes les six semaines au plus tard, je fais enlever le fumier qui couvre la caisse, & il est suppléé par du crottin de cheval ou de mulet, encore frais, sur une épaisseur d’un bon pouce ; l’eau de l’arrosement en détache la partie soluble, & la porte à toutes les racines.

Plus on approche des provinces du midi, plus il est nécessaire d’entretenir une couche de fumier ou de débris de végétaux sur la surface de la caisse. La chaleur trop active excite une trop grande évaporation humide des principes de la terre, c’est donc un bien petit embarras que celui de renouveler cette couche.

VI. De la taille de l’oranger & de son ébourgeonnement. J’emprunte cet article tout entier de la Pratique du jardinage, de M. Roger de Schabol, & publiée par M. de la Villehervé. Ce que dit l’auteur vaut mieux que ce que je pourrois dire, c’est un hommage que je me plais à lui rendre.

§. I. De la taille. « Quelques-uns prétendent que la taille des orangers est très-difficile ; elle l’est comme celle des autres arbres, quand on ne s’y entend pas, & qu’on n’étudie point leur nature ni leur façon de pousser. On n’a pas à ce qu’il paroît, assez distingué dans le régime de l’oranger la taille proprement dite, & l’ébourgeonnement ; la première a pour objet la pousse précédente ; & le second la pousse actuelle ; toutes deux étant fort différentes, doivent être traitées différemment. »

» On demande s’il faut tailler les orangers en sortant de la serre, ou après qu’ils ont donné leurs fleurs, ou avant de les rentrer ? Chacune de ces époques a ses trois partisans. Ceux qui taillent après la fleur, & qui suppriment ou raccourcissent à mesure les pousses irrégulières, confondent la taille avec l’ébourgeonnement. Quelques-uns laissent aller les arbres à leur gré, & se contentent, pour éviter la difformité, de retrancher les branches mortes ou qui s’échappent. »

» Il est des particuliers qui taillent au printemps, & qui ébourgeonnent durant la pousse. Ils traitent les branches fructueuses des orangers comme celles des autres arbres, en