Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/316

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presque totale des feuilles, & la couleur pâle, jaune & souffrante des premières qui paroîtront.

Il vaut beaucoup mieux laisser plus de diamètre à la masse des racines, n’enlever & ne couper que les chevelus qui tapissent la caisse, & retrancher seulement les racines à trois ou quatre pouces. S’il se trouve de grosses racines, il est essentiel de ne pas les couper en bec de flûte, mais le plus net & le plus rond qu’il sera possible. Cette plaie se cicatrise & non pas celle en bec de flûte : sans cette précaution la pourriture fait de grands ravages. On dira peut-être qu’en laissant une telle étendue aux racines, il faudra chaque année décaisser les arbres, afin d’éviter le trop plein, & que c’est multiplier inutilement la dépense & les travaux. Si de cette opération il résultoit une plus ample récolte de fleurs & de fruits, si l’arbre se portoit & prospéroit beaucoup mieux, ne seroit-on pas amplement dédommagé de ses avances ? Mais cette dépense que l’on redoute n’est pas nécessaire. Il suffit, l’année d’après l’encaissement, de donner un demi encaissement, c’est-à-dire, sur tout le pourtour intérieur de la caisse, & sur une largeur de quatre pouces, d’en enlever la terre ainsi que les chevelus. On enfonce successivement le tranchant d’une bêche, on retire la terre pénétrée par les racines & qu’elle a coupées, & ainsi successivement sans en déranger le tronc. Ce travail renouvelle une bonne partie de la terre, & l’oranger ne s’aperçoit pas qu’on lui ait enlevé des chevelus qui ne lui sont plus d’aucun secours. Les chevelus placés entre les parois de la caisse & de la terre ne servent point, ou du moins très-peu à la nourriture de l’arbre, & ils absorbent inutilement une humidité nécessaire aux grosses racines. L’oranger profite pendant toute l’année de la bonification que l’on ajoute à l’ancienne terre.

V. De l’arrosement. Il est utile de répéter ici ce qui a déjà été dit au mot Arrosement, sur la qualité des eaux, sur leur degré de fraîcheur, & sur le temps auquel il convient d’arroser. Il suffit d’observer que l’on arrose trop à la fois, d’où il résulte plusieurs inconvéniens. Les grands lavages dissolvent l’humus, & l’entraînent, ce qui appauvrit considérablement la terre matrice. Les racines se trouvent pendant quelques jours environnées d’une eau surabondante, dans laquelle les matériaux de la séve se trouvent noyés, & celle qui est portée aux branches est trop aqueuse & trop délayée ; on peut s’en convaincre : si on cueille une orange mûre, on trouvera en la mangeant, qu’elle ne sent que l’eau ; la même observation a lieu lorsque des pluies continuelles ont trop abreuvé les feuilles & la terre. Il vaut beaucoup mieux donner chaque jour, (suivant le besoin ou le climat) de petits arrosemens capables de maintenir une légère humidité dans la terre, & rien de plus ; mais dans les pays méridionaux, l’oranger demande de larges & fréquentes irrigations. (Voyez ce mot)

On a coutume, dans presque tous les pays, de donner à chaque pied d’oranger, immédiatement après l’encaissement, ce qu’on nomme une lessive. Cette préparation varie ; & suivant le systême de chaque jardinier