à coup dissipés par un soleil violent. On est sûr alors que le vent du midi veut chasser le vent du nord, & que dans la journée même le premier triomphera des efforts de son antagoniste : les pointes tendres des bourgeons en sont également affectées. On doit laisser tomber les feuilles d’elles-mêmes, c’est l’affaire de quelques jours, & supprimer les extrémités des bourgeons qui sont desséchées. Les feuilles & les pousses des citronniers, plus délicates que celles de l’oranger, sont communément les plus maltraitées. Si la rosée ou le brouillard sont légers & le coup de soleil moins chaud, alors l’arbre est exempt de brûlure & tout le mal se réduit à une espèce de rouille sur les feuilles, qui n’est réellement dangereuse que lorsqu’elle est trop multipliée.
Les chancres s’annoncent sur les branches & sur les bourgeons ; on doit les traiter comme la gomme ainsi qu’il a été dit plus haut.
La gale n’attaque point les orangers plantés en pleine terre. Sur ceux encaissés, elle provient sans doute ou du défaut de préparation de la terre, ou d’une séve viciée qui s’extravase, ou de tel autre cause que je ne connois pas. Le remède consiste à frotter les branches avec un bouchon de paille ou avec une brosse à poils rudes, afin d’enlever les boutons galeux, & à passer légèrement par dessus un peu d’onguent de saint Fiacre que l’on détache aussitôt après qu’on le juge inutile.
Les galle-insectes, (voyez ce mot) dont la multiplication est excessive, sont les plus cruels ennemis des orangers. Ces insectes passent l’hiver sur les pousses & sous les feuilles de l’année ; ils y sont attachés & paroissent immobiles. Lorsque l’oranger est sorti de la serre, la chaleur du soleil tire ces insectes de leur engourdissement, ils quittent leur ancienne demeure & peu à peu gagnent les nouveaux bourgeons & les jeunes feuilles. Là, par des piqûres multipliées, ils occasionnent une grande déperdition de séve dont ils se nourrissent, & la fourmi toujours en quête ne tarde pas à appeler ses compagnes. Il résulte de l’extravasions de la séve, de la multiplicité des insectes & de celle de leurs excrémens, que les branches & les feuilles paroissent être couvertes d’une poussière noire qui s’oppose à la transpiration des humeurs superflues de l’arbre, & dérange d’une manière marquée le cours de la séve. Je ne répéterai pas ici ce qui a été dit au mot galle-insecte, sur la manière de débarrasser l’arbre de ces parasites dangereux, j’insiste seulement sur l’usage de frotter le tronc, les branches & les feuilles avez une brosse souvent trempée dans du vinaigre très-fort ; c’est le seul moyen de détacher les galle-insectes & de les faire mourir. Plusieurs auteurs blâment l’usage du vinaigre, est-ce parce qu’il a une odeur vive & pénétrante ? Mais elle ne nuit pas à l’arbre. Dira-t-on que le vinaigre bouche les pores de l’écorce, qu’il les resserre ? Mais rien n’empêche de laver ensuite le tout à grande eau, & cette espèce de courant entraînera le gluten du vinaigre & les cadavres des insectes, ainsi que les débris de leurs excrémens. Le vinaigre tue également la galle-insecte, le kermès, les cantharides, &c. Si on excepte les liqueurs acides, je doute qu’on en