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aux mules. Il est imprudent de donner l’orge au moment qu’elle vient d’être coupée. Il faut l’étendre & la laisser un peu faner, afin qu’une partie de son air de végétation ait le temps de se dissiper. Trop fraîche, elle cause quelquefois des tympanites. Le grain supplée l’avoine qu’on donne aux animaux : mis à tremper pendant vingt-quatre heures avant de le donner aux vaches, il augmente leur lait.

La farine est plus courte, plus serrée que celle du seigle & de l’avoine ; elle a un œil rougeâtre. Pour la réduire en pain, elle exige plus de travail que les autres farines & un levain plus fort. Malheur au pays où l’habitant est réduit à manger du pain uniquement fait de ce grain ; mais, heureusement sa farine s’assimile très-bien avec la farine du seigle & du froment, & de leur mélange il résulte un meilleur pain. (V. ce mot)

Le plus grand emploi de l’orge, après la nourriture du bétail, est pour la bière. (V. ce mot) On préfère la paumoulle, & sur-tout celle qui a été semée avant l’hiver.

L’orge mondé sert aux bouillies que l’on apprête de différentes manières.

Les Hollandois sont, je crois, la seule nation qui prépare l’orge perlé qu’ils transportent ensuite chez tous les peuples. Ce grain est alors dépouillé de toute son écorce, & sa forme alongée qui étoit devenue sphérique, en un mot, ressemble à une petite perle d’où l’orge a tiré son nom.

Si on veut avoir une idée de l’opération, qu’on se représente d’un moulin à blé ordinaire avec ses deux meules ; celle de dessous fixe & celle de dessus mobile & tournant horizontalement. Il n’est pas nécessaire qu’elles soient de pierre, mais de bois épais seulement. La meule supérieure ne diffère de celle du blé que par des cannelures en quart de cercle, pratiquées en dessous, au nombre de six ou de huit suivant la largeur de la meule. Elles sont moins creusées à l’angle, & leur profondeur est de deux pouces à l’extrémité. À la place du bois ou caisse dans laquelle la meule tourne, sont placées des râpes en tôle contre lesquelles l’orge est sans cesse poussée par le courant d’air qu’impriment les cannelures, & qui est attiré de l’ouverture centrale de la meule jusqu’aux râpes ; par ce mouvement centrifuge le grain est sans cesse poussé contre les râpes, son écorce s’use, ensuite les angles de la partie farineuse sont emportés, enfin, peu à peu le grain s’arrondit. Pendant cette rotation soutenue, la farine & une grande partie des débris de l’écorce passent à travers les trous des râpes & sont reçus dans un encaissement circulaire & en bois fermant exactement, d’où on les retire après l’opération. Dans d’autres moulins on se contente de placer une toile grossière & épaisse tout autour des râpes, & de laisser un espace de deux pouces entre les râpes & la toile ; mais cet espace est exactement fermé par dessus. Cette toile reçoit la farine & les débris, & les laisse tomber doucement dans le coffre auquel elle répond. Lorsque le grain est censé avoir acquis sa forme ronde, on ouvre une petite porte ménagée dans les râpes, cette porte correspond à un grand sac, & la farine & les débris de l’écorce qui restent, ainsi que l’orge perlé, sont entraînés dans cette ouverture par le mouve-