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ment centrifuge : on porte ensuite ce mélange dans différens blutoirs qui séparent le grain, la farine & le son. Ces derniers servent à la nourriture des bestiaux, de la volaille, &c.

Par une seule opération le grain n’acquiert pas assez bien la forme ronde qu’on lui désire, & que la masse des débris de l’écorce empêche qu’il prenne. On la répète une ou deux fois jusqu’à ce que le grain soit réduit en véritable orge perlé.

Propriétés médicinales. Les semences nourrissent peu, tempèrent la soif & la chaleur dans les maladies inflammatoires, & les fièvres aiguës avec sécheresse de la bouche, avec chaleur dans l’abdomen & ardeur des urines dont elles maintiennent le cours libre ; elles favorisent l’expectoration, rendent la respiration facile, pourvu qu’il n’existe point de météorismes, ni d’humeurs acides dans les premières voies, ni d’humeurs tendant à la putridité.

Moulues grossièrement on en fait des décoctions, des tisannes, des loks, des gargarismes.

La farine d’orge est au nombre des quatre farines résolutives. Appliquée en cataplasme elle est émolliente, résolutive, maturative.


ORGEOLET, Médecine rurale. Petit bouton de la grosseur d’un grain d’orge, renitent, pointu, éminent, rouge, chaud, douloureux, & Véritablement phlegmoneux, qui se fixe sur les bords des paupières, tout auprès des racines des cils.

L’orgelet, dans son principe, se laisse bien appercevoir, mais il ne se fait guère sentir. Ce n’est que quand il a acquis une certaine grosseur, qu’il excite de la rongeur, de la tension, & de la douleur dans la partie où il établit son siège.

Pour l’ordinaire, il ne tarde pas long-temps à blanchir & à venir en suppuration ; mais cette suppuration ne fournit guère plus de deux gouttes de pus, encore même on en accélère la sortie en pressant doucement le bouton, & dès que le pus est sorti, le bouton se flétrit, & le mal est guéri.

C’est dans les glandes sébacées des paupières qu’Astruc place le siége de l’orgeolet. « Il est visible, ajoute ce célèbre médecin, que l’orgeolet doit se former toutes les fois que l’humeur sébacée qui en découle, est obligée de croupir dans quelqu’un de ces vaisseaux, & à plus forte raison si elle croupit dans plusieurs à la fois ; que cette humeur doit croupir dans ces vaisseaux toutes les fois que leur extrémité est bouchée ou fort rétrécie, & par conséquent incapable de la laisser sortir avec la liberté ordinaire, d’où il est aisé de conclure que tout ce qui peut boucher, étrangler ou rétrécir l’extrémité, soit d’un, soit de plusieurs canaux sébacés, doit produire un orgeolet plus ou moins grand. Or, on peut compter une infinité de causes qui produisent ces effets, telles que l’inflammation des bords des paupières, les différens corps étrangers qui peuvent affecter les yeux, les différentes substances âcres qui les irritent, les intempéries de l’air. Les personnes qui ont eu des ulcères aux paupières, ou qui les ont très-délicates, sont très sujettes à cette maladie : le moindre vent, un froid assez piquant la détermine ; mais la cause la plus ordinaire est l’épaississement général de la lymphe.