Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/365

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rigoureusement, sur-tout au printemps. Pendant le reste de la saison, l’ombre de ses rameaux détruit les mauvaises plantes.

Si un pied vient à périr dans l’oseraie, on fait un provin (voyez ce mot) avec un rameau le mieux placé & le mieux venant, & on ne le sépare du tronc qu’après la seconde année ou après la première, si on est assuré qu’il ait poussé des racines en nombre suffisant pour le nourrir. On perpétue de cette manière les oseraies, & chaque provin demande du fumier.

Il est facile de former des haies avec des osiers, sur-tout si le sol leur convient : ces haies sont très productives. Après avoir planté, on ne laisse sur chaque pied pousser que deux rameaux, le même nombre l’année suivante, & on les conduit ainsi qu’il a été expliqué au mot haie. Lorsqu’elles une certaine hauteur, elle ne présente plus qu’une tapisserie de rameaux qui sortent de toutes parts. Les jardiniers les dirigent de la même manière en portiques, dont l’effet est assez pittoresque.


OTALGIE. Médecine rurale. Mal d’oreilles qui a toujours son siége dans l’intérieur de cet organe. Cette maladie est très-fréquente en hiver, & sur-tout dans le mois de mars. L’exposition aux intempéries de l’air, les variations de l’atmosphère, le passage subit d’un lieu chaud à un endroit froid, & tout ce qui supprime l’insensible transpiration, peut exciter cette maladie.

Elle est souvent produite par l’introduction de quelque ver ou de quelque insecte dans les cornets de l’oreille ; la cire qui se filtre dans les glandes de cet organe la détermine aussi par son épaississement ; enfin elle vient souvent de la métastase dans le déclin des maladies très-graves, telles que les fièvres malignes, &c. Elle est, pour l’ordinaire, un symptôme de très-bon augure, & il le seroit bien davantage s’il n’occasionnait alors la surdité.

L’otalgie est presque toujours accompagnée de douleurs vives, aiguës ; lancinantes & ceux qui en sont attaqués éprouvent un tintement continuel dans l’oreille, des douleurs & des crispations à la tête : les yeux participent quelquefois à l’inflammation ; les malades sont tourmentés par les veilles & une insomnie invincible, & si cette maladie dure quelques jours, on voit survenir le délire, & même les convulsions.

On combattra l’otalgie causée par l’inflammation, par les saignées du bras & du pied, par l’application des sangsues tout près de l’organe affecté ; on prescrira aux malades une diète sévère, un régime rafraîchissant, & on fomentera l’oreille avec la décoction d’orge coupée avec le lait ; ou avec le lait seul tiède. Les cataplasmes émolliens & relâchans préparés avec les feuilles de mauve, de guimauve, de violette, de pariétaire, sont très-propres à calmer les vives douleurs d’oreille, & pour en obtenir un soulagement plus prompt, on peut injecter sur les cataplasmes quelques gouttes de teinture anodine.

Les bains de vapeurs sont encore très-efficaces, ainsi que les bains de jambes, aiguisés avec la moutarde en poudre ou avec une sorte dissolution de savon.