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provinces du midi où l’on a si fort à redouter les maladies inflammatoires & putrides, on ne fasse pas un plus grand usage de l’oxycrat. On attend que la maladie soit survenue ; il auroit bien mieux valu en boire un verre ou deux en se levant & avant de se coucher lorsque la digestion est faite. Jamais je n’ai pu faire entendre à mes moissonneurs & à mes batteurs combien il seroit plus avantageux pour eux de préférer l’oxycrat à la quantité de vin dont ils s’inondent pendant le travail : on a cependant remarqué dans ces provinces du midi, que lorsque le vin pique, c’est-à-dire que les chaleurs lui ont fait contracter une petite acidité, il y a beaucoup moins de maladies inflammatoires & putrides pendant l’été. Cette observation connue & avouée de tout le monde, ne peut cependant pas faire abandonner une coutume meurtrière. L’expérience a prouvé que l’oxycrat calme la soif, tempère la chaleur de tout le corps, diminue la sueur, rend le cours des urines facile, & qu’il est enfin un des meilleurs antiputrides & antigangréneux connus.





Pacage. (voyez Pâturage.)


PAILLASSON. Ce mot a deux significations. Par la première, on entend une certaine épaisseur de paille contenue par deux toiles clouées sur un châssis en bois que l’on place devant une fenêtre, une porte, pour empêcher le froid de pénétrer dans une orangerie, une serre, &c. Cette espèce de paillasson est dispendieuse, & elle n’est pas d’une plus grand utilité que la seconde espèce.

Celui dont se sert ordinairement le jardinier & le cultivateur, est un assemblage de pailles de pailles de seigle, ou de froment ou d’orge, quand elle a la longueur de celle des provinces du nord, rangées près à près & sur une certaine épaisseur. On fixe ces pailles, soit avec de la ficelle, soit avec des osiers sur des échalas, sur la hauteur & sur la largeur dont on a besoin. Plusieurs jardiniers suppriment les échalas, & se contentent de lier la paille. Il en résulte que ces paillassons sont plus portatifs, qu’on peut les rouler, & qu’ils tiennent moins de place sous la remise quand le besoin de s’en servir est passé. Les roseaux d’étang suppléent aisément la paille, & les paillassons qui en sont fabriqués durent beaucoup plus longtemps.

Chacun connoît ces tresses de paille, minces & larges d’un pouce, avec lesquelles les gens de la campagne & le peuple couvrent leurs chaises ; elles sont excellentes pour faire des paillassons. On coud par les bords & avec une ficelle, les tresses les unes aux autres, en nombre suffisant pour couvrir la hauteur & la largeur que l’on désire. Quand une fois le paillasson est formé, on coud tout autour de ses extrémités une bande de forte toile qui recouvre le dessous & le dessus sur une largeur de six pouces, & sur laquelle on