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fondues dans le même moule. La paille peut être hachée plus ou moins menu, selon l’épaisseur qu’on leur donne. Le premier cylindre situé parallèlement au second, est de cuivre & entaillé dans toute sa circonférence, de façon que les lames tranchantes de celui-ci s’avancent dans les entailles de celui-là ; il porte de plus sur sa surface plusieurs rangées de dents qui entrent dans les intervalles des lames d’acier, & qui accrochent les pailles pour les faire porter sur ces lames & les faire couper par la révolution des deux cylindres. On peut les presser plus ou moins l’un contre l’autre au moyen des deux vis horizontales ; quatre autres vis verticales servent à serrer de même leurs axes dans les collets où ils tournent, pour éviter le jeu. Les bottes de paille se mettent dans une espèce de trémie de la même longueur, qui est placée au dessus des deux cylindres, & le poids de ces bottes suffit pour les faire descendre à mesure que la paille est coupée, & que ses brins tombent dans une auge établie sous la machine. Le cylindre de cuivre étant mis en mouvement, le frottement qui en résulte fait tourner en sens contraire l’autre cylindre qui porte les lames i la machine entre en jeu & hache la paille. Cette machine simple est avantageuse, en mettant à bas prix la paille hachée que l’on fait être une bonne nourriture pour les chevaux, lorsqu’elle est mêlée avec l’avoine, dont elle diminue la consommation.


PAIN[1]. C’est le nom générique sous lequel on désigne toute matière farineuse, mêlée avec du levain & de l’eau, dont on forme une pâte molle & flexible pour la cuire peu de temps après au four ou sous les cendres

L’aliment qui mérite réellement de porter le nom de pain, doit être composé de deux substances ; la première est une mie spongieuse, blanche, élastique, parsemée de trous plus ou moins grands, d’une forme inégale, ayant une légère odeur de levain ; la seconde offre une croûte dure, sèche, cassante & sapide ; voilà pour l’aspect du pain. Ses propriétés physiques sont de se ramollir à l’humidité, de se dessécher au contraire, dans un lieu chaud, de se conserver un certain temps sans se moisir, de se gonfler considérablement, trempé dans un fluide quelconque, de se broyer aisément dans la bouche, d’obéir sans peine à l’action de l’estomac & des autres viscères pour former la matière la plus pure & la plus saine de la nutrition.

Combien se sont trompés ceux qui ont cru que le grain, pour arriver à l’état de pain, avoit été dénaturé dans ses propriétés alimentaires ! les changemens successifs qu’il a éprouvés depuis son état naturel jusqu’à sa fermentation & sa cuisson, sont autant de pas faits vers la perfection, & s’il étoit possible que le luxe eût influé sur cet objet, on pourroit dire que, pour la première fois, l’homme & la plante n’ont rien perdu aux soins de cet ennemi de l’aisance ; il est même incontestablement démontré que la farine qui a acquis sous la forme panaire, du volume & du

  1. Tout cet article nous a été fourni par M. Parmentier.