Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/415

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conduit ainsi qu’il a été dit au mot haie.

Palissader, c’est couvrir un mur de verdure, par exemple avec du jasmin, avec le chèvre-feuille, le jasminoïde, &c., parce que ces plantes ont besoin d’être soutenues par des piquets, lattes, &c. qui représentent une palissade. Au surplus, ces deux mots palissader ou palisser sont presque synonymes, mais le dernier mérite d’être préféré lorsqu’il est question des arbres fruitiers placés en espalier.

Palissage est défini par M. l’abbé de Schabol, l’action d’arranger & d’attacher à un mur ou à un treillage, au moyen de quoi que ce puisse être, avec ordre & d’après des règles, les diverses branches & les bourgeons des arbres… Le palissage à la logue est le plus parfait de tous… Voyez le mot logue.

Son excellent confirmateur M. de la Ville-Hervé donne du palissage une définition moins générale & plus caractéristique, « c’est l’art d’assigner aux bourgeons leur place, de les diriger avec ordre, pour laisser entre eux un espace proportionné, afin qu’à peu de chose près, ils soient également proches & également distans, sans forcer ni contourner les uns ni leur faire prendre une forme désagréable. Cette opération exige du goût & de l’intelligence. Considérez un arbre palissé par une main habile, vous y apercevrez la naissance de chaque branche, & vous la suivrez de l’œil ; aucune ne croisera sur sa voisine ; toutes les parties de l’arbre tirées & alongées par les extrémités, formeront comme autant de brins étendus sur la muraille, avec laquelle ils ne sembleront faire qu’un même corps ; comparez ensuite un arbre ainsi dressé avec ceux des jardins ordinaires, où vous ne voyez rien que de forcé & hors de sa place naturelle, où des parties sont absolument dégarnies, tandis que d’autres sont dans la confusion, &c.

» Quelque grands que puissent être les avantages de cette opération, on ne peut disconvenir que ce ne soit troubler l’ordre de la végétation que de priver la séve d’une partie des réservoirs destinés à lui servir de passage & de dépôt. Pour retranchemens on fait aux arbres des plaies vers lesquelles elle est obligée de se porter en se détournant pour les fermer. Les différentes formes auxquelles nous les assujettissons, sont également contre nature ; elle les a fait pour élever leurs têtes altières, pour étendre à leur gré leurs rameaux simples & faire briller dans toutes leurs parties cette multitude de branches, de bourgeons, dont chaque année elle embellit symétriquement leur tige. L’art qui s’est attribué sur la nature un empire absolu, en même temps qu’il l’assujettit, sait aussi la diriger, l’orner & la perfectionner. Ce concours de la nature & de l’art a procuré aux arbres en espalier cette forme régulière qui fait le long des murailles une tapisserie riche & une riante verdure, en abattant les branches de devant & de derrière, pour étendre avec ordre & symétrie celle des côtés. »

» L’art du palissage, continue cet excellent praticien, consiste à attacher d’abord au treillage le côté le plus difficile, puis à passer à l’autre, & finir par le devant & le milieu. »

» On distingue deux sortes de palissage, l’un d’hiver & l’autre d’été.