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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/428

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les bandes ou bandages & les compresses sans remuer la partie. Quand le pus ou le sang les ont collés à la partie ou ensemble, on les imbibe d’eau tiède, ou de quel qu’autre liqueur pour les détacher. Si c’est une plaie que l’on panse, on en nettoye les bords avec la feuille de myrte & avec un petit linge ; on ôte ensuite les plumaceaux, les bourdonnets & les tentes avec les pincettes : on essuye légérement la plaie avec un bourdonnet mollet ou du linge fin, pour ne causer que le moins de douleur qu’il est possible, & pour ne point emporter les sucs nourriciers. On a toujours soin de tenir sur la partie ou sur l’ulcère, un linge pour les garantir des impressions de l’air : on fait les injections, les lotions, les fomentations nécessaires : on applique ensuite le plus doucement, le plus mollement & le plus promptement qu’il est possible, un appareil nouveau, couvert ou imbu des médicamens convenables que l’on a eu soin de faire chauffer : on fait ensuite le bandage approprié.

On ne fait ordinairement le premier pansement à la suite de quelque opération, qu’après quarante-huit heures, à moins que quelque accident, tel qu’une hémorragie, n’oblige à lever plutôt le premier appareil. Comme ce premier pansement est le plus douloureux, on laisse ce long intervalle, afin que l’appareil s’humecte & puisse tomber aisément.

À l’égard des autres pansemens, on ne peut déterminer en général, l’intervalle qu’il faut mettre entr’eux. L’espèce de maladie, son état, les accidens auxquels il faut remédier, la nature des médicamens appliqués, sont autant de motifs différens qui doivent engager à panser plus ou moins fréquemment.

Il faut panser plus fréquemment quand les symptômes sont violens, que quand ils ne sont point considérables, parce que la violence des symptômes diminue promptement la vertu des médicamens.

Les pansemens des plaies doivent être fréquens à leur second temps lorsqu’elles sont en suppuration. Les accidens qui surviennent, obligent à panser plus souvent que l’on n’auroit fait, s’il n’en étoit point survenu : par exemple, dans certaines fractures, une douleur violente, des abcès, le prurit, des excoriations, déterminent à lever l’appareil qu’on auroit laissé plus long-temps.

Les plaies simples, les fractures, les luxations, les hernies & les autres maladies qui demandent du repos pour leur guérison, de même que les tumeurs froides ou chroniques, doivent être pansées rarement : par exemple, quand on a rapproché les bords d’une plaie, quand on a réduit une fracture, une luxation ou une hernie, il faut laisser agir la nature : une curiosité mal placée la troubleroit dans ses opérations. Quand on a appliqué des médicamens sur quelque tumeur formée par une humeur lente, visqueuse & située profondément, il faut donner aux remèdes le temps de faire leur effet. Ainsi, on panse rarement dans toutes ces maladies.

Toutes ces considérations font voir que l’on ne peut point prescrire, par rapport à chaque espèce de maladie, la longueur des intervalles qu’il faut mettre entre les pansemens. Il ne faut pas que le chirurgien qui n’est que le ministre & l’aide de la nature, vienne la troubler dans ses opéra-