Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/457

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moelle alongée, ou dans le cerveau. Tout ce qui peut interrompre l’action réciproque des nerfs propres aux muscles sur le cerveau, ou du cerveau sur les nerfs des muscles, produit cette maladie. Qu’un animal, par exemple, reçoive un violent coup sur l’épine du dos, mais avec forte commotion, aussitòt les parties postérieures du corps deviennent foibles & insensibles.

Les praticiens distinguent la paralysie en plusieurs espèces : cette distinction ne nous paroit pas être d’une grande conséquence, quant aux animaux : ces espèces ne différant les unes des autres que par la quantité des muscles affectés, & les remèdes qu’il faut employer pour les combattre étant tirés de la même classe, il suffit seulement de les administrer à une dose plus forte lorsqu’il y a un grand nombre de muscles affectés.

Causes. Les coups, les chutes, la mauvaise nourriture, la vieillesse, la pléthore, l’humidité des pâturages & des étables, le long séjour des animaux dans des écuries mal-propres, voilà quels sont les principes de la paralysie ; plus le nombre des muscles qu’elle attaquera sera grand, plus il sera difficile d’y remédier. Une expérience journalière nous apprend qu’elle est toujours incurable lorsqu’elle affecte les muscles de la moitié du corps, & qu’elle fait promptement mourir l’animal, quand elle s’empare du plus grand nombre des muscles.

Traitement. La paralysie provient-elle d’un coup à une ou à plusieurs jambes ? appliquez, sur le champ, sur la partie & sur les muscles paralysés, des étoupes imbibées d’eau-de-vie, & des cataplasmes faits de feuilles de rue & de vin. Ne saignez l’ranimal que lorsqu’il y a inflammation à la partie ; donnez deux breuvages par jour au bœuf & au cheval, d’une chopine de bon vin, & pour toute nourriture, de l’eau blanchie avec de la farine de froment & aiguisée de sel marin ; administrez des lavemens composés d’une infusion de feuilles de sauge. Si, huit à dix jours après l’usage de ce traitement, vous n’apercevez aucun changement heureux, appliquez le feu sur la partie : c’est le dernier remède à tenter.

Cette maladie dépend-elle d’un fourrage marécageux, mal-sain ? nourrissez l’animal de foin de bonne qualité, & employez les autres remèdes ci-dessus indiqués.

Le plus souvent, la paralysie provient de pléthore : dans ce cas, saignez l’animal à la veine jugulaire, réitérez même la saignée plusieurs fois, bornez-vous à l’usage de l’eau blanche nitreuse pour boisson, donnez un peu de soin, & de bonne qualité ; n’oubliez point les lavemens émolliens, aiguisés avec le sel marin, ni les bains d’eau douce & d’eaux minérales, si vous pouvez vous en procurer.

L’électricité de M. Vitet, si vantée pour les maladies paralytiques & spasmodiques, peut être employée avec succès dans cette maladie, lorsqu’elle vient de l’humidité des écuries basses, peu aérées & malsaines, si on a l’attention de proportionner la force de l’électricité à l’intensité de la maladie. Les habitans de la campagne se trouvant rarement à portée de profiter d’un pareil moyen, & n’étant pas du tout instruits sur la manière de le diriger, nous leur conseillons au contraire