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ront de sauve-garde aux récoltes des voisins, & le seigneur, pour le plaisir de quelques heures, n’abîmera pas dans sa chasse, le fruit d’un travail d’une année, & ne réduira pas à la misère un pauvre cultivateur qui a droit de maudire autant les plaisirs de ce seigneur que son voisinage, lorsqu’il en devient la victime. Depuis long-temps, l’amour de ses sujets avoit engagé le grand duc de Toscane à établir la loi qui ordonne d’investir de murs tous les lieux destinés à la bête fauve. Un si bel exemple vient d’être suivi par Joseph II : quand le sera-t-il par-tout ailleurs ?

M. Watelet, dans son ouvrage intitulé essais sur les jardins, définit ainsi les parcs anciens. Un parc est en général un vaste enclos environné de murs, planté & distribué en massifs, & en allées droites dans différentes directions symétriques, qui présentent presque par-tout à peu près le même genre de spectacle.

Le sentiment que ces lieux inspirent est ordinairement une rêverie sérieuse & quelquefois triste ; le plaisir qu’on y cherche est la promenade, qui, sans objet d’intérêt, a peu d’agrémens… Il ne semble pas qu’aucune idée pastorale ait présidé a la naissance des parcs : ils doivent sans doute leur origine à l’orgueil féodal.

Trois caractères qui ont des points d’appui dans les idées reçues, continue le même auteur, peuvent servir de base à la décoration des nouveaux parcs ou à la moderne, le pittoresque, le poétique, le romanesque.

Il est inutile d’entrer dans de plus grands détails. En consultant le mot Jardin, & la description de ceux de Stowe, on se formera une idée des ces trois genres ; d’ailleurs on peut encore consulter l’Ouvrage déjà cité.

Lorsque l’on considère la multiplicité, l’étendue prodigieuse de ces parcs, & que les impôts ne portent pas sur eux, on ne peut s’empêcher de dire qu’ils sont inutiles & une perte réelle pour la société. En effet, une paroisse entière vivroit d’un seul de ces parcs, tandis qu’il ne sert qu’à la sotte vanité & au froid amusement d’un oisif. C’est donc sur ce sol sacrifié en pure perte que l’impôt devroit peser & diminuer d’autant celui payé par le malheureux laboureur. Détournons les yeux d’un spectacle attristant, pour les porter sur un objet plus riant, & qui est la base de la fertilité de nos champs & d’une des principales branches de notre commerce.

II. Parc des troupeaux. Clôture où l’on enferme les moutons. On distingue deux espèces de parc ; celui d’est & celui d’hiver ou domestique.


Parc d’été.

Cette enceinte est formée de différentes manières, suivant les pays. La plus simple & la plus sûre est toujours la meilleure. Dans les provinces, dans les cantons où l’on ne craint pas les loups, par conséquent dans les pays très-découverts, ce qui forme l’enceinte est un filet à larges mailles, soutenu, de distance en distance, par des piquets. Dans les provinces maritimes où le spart, est commun, on prépare, avec cette plante sèche, des cordes même assez fortes pour servir de cables aux petits vaisseaux : celle destinée aux parcs est de la grosseur du petit doigt. Les mailles du filet ont huit à dix pouces de largeur & de longueur, & le filet a