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humides ou sujets aux inondations, en sont plus maltraités que ceux des jardins secs. Ce n’est pas par la seule suppression de la transpiration dans la partie sur laquelle la plante parasite est attachée, qu’elle nuit à l’arbre, ce qui est déjà un très-grand mal ; mais elle attire à elle sa propre substance. L’homme, peu accoutumé à observer, dira que ces plantes n’ont pas de racines, & il aura raison : cependant, s’il prend la peine d’examiner, il verra qu’elles sont pourvues de mamelons, de suçoirs, qui s’implantent dans l’écorce jusqu’au vif, & qu’ils agissent sur l’arbre comme la sangsue appliquée sur l’homme ; il verra que la cuscute, que l’orobanche, que l’hipociste, &c. produisent un bourrelet, une exostose, & que ce bourrelet est entièrement mamelonné.

Les lichens, les agarics n’ont pas de mamelons aussi visibles à l’œil nu ; mais au moyen d’une forte loupe, d’un microscope, on les reconnoît sans peine.

Lorsque la cuscute, l’orobanche s’emparent d’un champ, il faut labourer & semer des grains quelconques, les faucher du moment que l’on voit cette plante saisir les voisines, les faucher encore quelque temps après ; à force de la couper, on l’empêche de grainer, & par conséquent de se reproduire l’année suivante. Il en est de même pour les prairies, & il vaut mieux perdre quelque chose sur les coupes de foin de l’année que de se trouver dans la nécessité de rétablir à neuf une prairie.

L’amputation jusqu’au vif, & la plaie recouverte aussitôt avec l’onguent de saint Fiacre, est indispensable pour les arbres chargés de guy.

Les troncs, les branches chargées de lichen ou mousse des jardiniers, sont facilement débarrassés après une bonne pluie, en bouchonnant l’arbre avec de la paille ou avec une brosse à poils rudes. L’époque la plus convenable à cette opération est à la fin de l’automne & après l’hiver. Ces lichens retiennent une masse d’humidité qui donne plus de prise sur l’arbre aux froids rigoureux. En supposant même que les lichens ne fussent pas nuisibles, il conviendroit encore de les détruire, afin d’éviter à l’œil le spectacle d’un arbre qui a l’apparence d’être chargé de gale.


PARC, PARCAGE. Enceinte quelconque, d’une étendue considérable. Ce premier mot a plusieurs acceptions ; deux seules nous intéressent : celles des parcs d’agrément & des parcs pour le bétail.

I. Parcs d’agrément. Grande étendue de terrain, entourée le plus souvent de murailles, pour la conservation des bois qui y sont, ou pour le plaisir de la chasse, ou pour la liberté de la promenade.

L’idée de la jouissance exclusive a fait imaginer les parcs, & les riches se sont fermés dans des prisons. Des murs en rase campagne ! un fossé, des haies, n’auroient pas borné la vue, & l’œil, agréablement trompé, auroit promené les regards aussi loin qu’ils peuvent s’étendre. Ce que je vois de mieux dans ces vastes clôtures, c’est la somme d’argent qu’elles ont coûté, qui a été gagnée par le journalier. Passe encore, & même c’est un très-grand bien que la retraite des bêtes fauves soit circonscrite par des murailles ; elles servi-