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ou à dégraisser les laines, ou à fabriquer des savons ; alors la France se passera des huiles étrangères.


CHAPITRE IV.

Des propriétés médicinales des pavots.


Les fleurs & les têtes de coquelicot sont en usage en médecine : fraîches, elles ont une odeur virulente ; sèches, elles sont sans odeur. Les fleurs sont réputées anodines, diaphorétiques, pectorales-adoucissantes ; les capsules produisent l’effet de celles de pavot, mais avec moins d’activité : les semences donnent une huile aussi douce, aussi saine que l’huile de pavot, mais la capsule ne grossit jamais assez pour que cette plante mérite d’être cultivée. L’eau distillée de la fleur du coquelicot, & que l’on vend dans les boutiques, n’a d’autre propriété que celle de l’eau simple, de l’eau de rivière, &c. Le sirop préparé avec ces fleurs, n’a pas des vertus supérieur à l’infusion, des fleurs édulcorées avec le sucre : les graines sont simplement émulsives, & n’ont aucune vertu assoupissante.

Le pavot à graines blanches ou noires produit le même effet : le préjugé préfère celui à graines blanches. Les feuilles, les capsules & les tiges, servent à la préparation de l’opium. (Consultez ce mot) Toute la plante est âcre, amère, résineuse, & son odeur & sa saveur sont nauséabondes : les semences au contraire, sont tinodores & insipides, elles nourrissent légérement & sont adoucissantes. L’huile qu’On en retire par expression est employée en médecine aux mêmes usages que l’huile d’olive, ainsi que dans les préparations pharmaceutiques. La capsule qui renferme les graines est narcotique & antispasmodique ; ses effets sont moins sensibles &e moins dangereux que ceux de l’opium : le sirop produit le même effet ; il est appelé sirop diacode ; sa dose est depuis demi-once jusqu’à trois onces.


PAVOT CORNU. (Voyez Planche VIII., page 450). Tournefort le place dans la troisième section de la sixième classe des herbes à fleur en rose, dont le pistil devient un fruit divisé en deux loges ; & il l’appelle glaucium flora luteo. VonLinné le nomme chelidonium glautium, & le classe dans la polyandrie monogynie.

Fleur ; composée de quatre pétales égaux B, d’abord enveloppés & rassemblés sous les deux valves du calice ; ils sont de couleur jaune : C représente le pistil ; D les étamines en grand nombre, disposées par rang sur le pédicule du calice.

Fruit ; le pistil s’alonge beaucoup & devient une silique E, représentant en quelque sorte une corne d’où la plante a pris le nom de pavot-cornu. La silique est représentée en E ; les semences G qu’elle contient, sont arrondies & luisantes.

Feuilles ; embrassant la tige par leur base, sinuées, longues, charnues, velues, blanchâtres.

Racine A ; — de la grosseur du doigt ; en forme de fuseau, garnie d’un petit nombre de chevelus.

Port ; tige herbacée, haute de dix-huit à vingt-quatre pouces, solide, rameuse, noueuse, lisse, inclinée ; les fleurs naissent des aisselles des feuilles, une seule sur chaque