Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/495

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’olive n’est pas d’une nécessité absolue, & qu’il peut être suppléé par celui des graines ; cette pratique a lieu dans toutes nos provinces du nord : il convient donc de l’étendre dans celles du centre & du midi du royaume.

Le dégraissage des laines consomme inutilement beaucoup d’huile d’olive ; plus elle est rance, & meilleure elle est pour cet usage. Dans les provinces où les pâturages sont abondans, on se sert de beurre, & dans plusieurs contrées du nord, de l’huile tirée des graines : il ne s’agit donc plus que d’étendre insensiblement cette pratique dans tout le royaume, en multipliant & en favorisent la culture des graines huileuses. Alors le prix de l’huile d’olive baissera nécessairement, & dans les provinces du midi on s’attachera à bien fabriquer l’huile d’olive ; (consultez ce mot) celle-ci servira alors pour la table & pour les apprêts, & peut-être qu’elle suffira toute seule à la consommation du royaume : si elle ne suffit pas, l’huile de pavot, si douce & si bonne, viendra au secours, & je répète qu’après l’huile d’olives de première qualité, elle est préférable à toutes les autres. Les provinces du midi n’ont qu’une certaine étendue de terrain propre à la culture de l’olivier : ailleurs il souffre & périt. Les troupeaux & la négligence du cultivateur détruisent peu à peu ces arbres précieux ; les grands froids de certaines années en ont fait mourir un très-grand nombre ; nulles pépinières pour remplacer les vides, & tout, en un mot, concourt à faire sentir la nécessité de favoriser la culture du pavot.

On a raison, en général, de dire que l’introduction d’une nouvelle culture préjudicie aux anciennes du pays. Ceci est un objet de comparaison & de calcul : à la longue, celle qui rend le moins est sacrifiée à la plus productive, & c’est dans l’ordre ; mais la culture des graines huileuses ne porte préjudice à aucune autre culture, puisqu’on ne lui sacrifie que les années de repos des terres, vulgairement appelées jachères, (consultez ce mot) & qu’on appeleroit encore mieux la destruction de la bonne agriculture.

On auroit tort de conclure de ce qui vient d’être dit, que je conseille & alterner, (consultez ce mot) par la culture des graines huileuses, les sols pauvres, maigres, en pentes trop rapides, &c. ce seroit aller aux extrêmes ; mais la raison répugne à voir la moitié des fonds d’une métairie sacrifiée en pure perte & ne rien produire pendant une année. Venez en Flandre, en Artois, partisans des jachères ; transportez-vous en Angleterre, en Lombardie, & vous vous convaincrez par vos propres yeux s’il est bon d’alterner ; vous y verrez des cantons sablonneux & autrefois médiocres, rendus très-fertiles en alternant. Le pavot réussit à coup sûr dans les provinces naturellement chaudes ; son origine dans les contrées les plus méridionales de l’Europe le prouve : il réussit également dans celles du nord. La culture des Flamands, des Artésiens, fournit la démonstration la plus complette de son succès : ainsi en partant des deux extrêmes, il est clair que cette culture réussira également dans les provinces du centre du royaume. Cultivons donc le pavot pour les usages alimentaires ; les autres graines fourniront les huiles destinées à brûler,