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Plus on approche des provinces méridionales du royaume, & plus ses fruits sont parfumés. Ils sont moins juteux, il est vrai, que dans les autres provinces plus tempérées ; mais si on a la facilité d’arroser les arbres une fois ou deux pendant la grande chaleur, & sur-tout au moment où le fruit se dispose à mûrir, il réunit alors au suprême degré & la qualité fondante, & la qualité aromatique. Plusieurs espèces de pêches mûrissent au midi, & très-rarement dans les provinces du nord, malgré les meilleurs abris & les soins les plus assidus. Ainsi, en supposant que les pêches sont, généralement parlant, plus fondantes dans le climat de Paris, elles sont plus aromatisées en Provence, en Languedoc, &c., & outre les espèces propres au pays, on a l’avantage d’y cultiver les espèces du nord.


CHAPITRE II.

Description des espèces.


Il seroit bien difficile de caractériser quelle espèce de pêche a été le type des espèces que l’on cultive aujourd’hui. S’il étoit permis de hasarder une conjecture, on pourroit dire que la pêche ordinaire des vignes est la première, puisqu’elle se perpétue toujours la même par le semis de son noyau. Il n’y auroit qu’un seul moyen capable de nous instruire sur ce fait ; ce seroit de faire venir de Perse les noyaux des fruits de l’arbre qui y croît spontanément, de les semer en France, & de comparer l’espèce qui en proviendroit avec celles que nous possédons. Les consuls françois ou chargés d’affaires, établis dans presque tous les pays, pourroient faire les envois, s’ils y étoient invités par le ministre chargé du département de l’agriculture. Il seroit encore intéressant de leur demander des noyaux de toutes les espèces de fruits, & désignées par leurs noms ; il est certain qu’il résulteroit de ces envois, & des semis qu’on feroit en France, plusieurs espèces nouvelles. On distingue les pêches en trois espèces jardinières : (consultez le mot Espèce) savoir en pêches dont la chair est molle, tendre, succulente, d’un goût relevé, & qui quitte le noyau… ; en pavies dont la chair est ferme, moins succulente, & qui tient au noyau. Ce sont les espèces les plus communes dans les provinces du midi, ainsi que les espèces suivantes… ; en Brugnons, dont la peau est lisse unie, luisante, & la chair plus ferme que celle des pêches, & moins ferme que celle des véritables pavies ou alberges. M. Duhamel établit une quatrième division, les pêches dont la peau est violette, lisse, & sans duvet, & dont la chair fondante quitte le noyau.

Il est très-difficile d’assigner des caractères bien distincts à ces pêches, qui sont pour la plupart des variétés d’autres variétés ; mais afin de ne pas multiplier les classes, & de ne pas donner une synonymie nouvelle qui augmenteroit la confusion, il est plus avantageux de sacrifier la petite gloriole d’auteur, & de suivre la route déjà tracée par un grand maître, par M. Duhamel, qui a publié l’ouvrage le plus complet en ce genre ; d’ailleurs il est impossible qu’au fond d’une province j’aie pu rassembler toutes les espèces dont il parle, & les décrire avec les