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26. Brugnon violet musqué. (Voyez Planche XII, page 481) Persica flore magno ; fructu glabro, violaceo, vinoso, carne nucleo adhæetente. Duh.

C’est un pêcher vigoureux, qui pousse beaucoup de bois & produit du fruit abondamment… ; ses bourgeons sont gros, longs, rouges du côté du soleil… ; ses feuilles sont dentelées très-finement.

Ses fleurs sont grandes, belles, de couleur rouge-pale, quelquefois cet arbre est à petites fleurs.

Son fruit ressemble assez à la grosse violette hâtive ; il est un peu moins gros & presque rond… ; la peau est lisse, d’un blanc un peu jaunâtre du côté de l’ombre. Du côté du soleil elle est d’un fort beau rouge violet ; les bords de la couleur, en approchant du jaune, s’éclaircissent, & sont marquetés de gros points ou petites taches blanchâtres… ; sa chair n’est point sèche quoique ferme ; elle est blanche, presque jaune, excepté auprès du noyau où elle est très-rouge… ; son eau est d’un goût excellent, vineuse, musquée & sucrée… ; son noyau est de grosseur médiocre, très-rouge, très-adhérent à la chair.

Ce brugnon mûrit à la fin de septembre. Pour que sa chair soit plus délicate, il faut planter l’arbre á la meilleure exposition ; ne cueillir le fruit que lorsqu’il commence à se faner & même lui laisser faire son eau quelque temps dans la fruiterie[1].

27. Jaune lisse, ou Lissée jaune. (Voyez planche XII, page 481) Persica flore parvo ; fructu globoso, glabro, serotino buxeo colore, mali armeniaci sapore.

L’arbre est vigoureux, & ressemble au pêcher de petite violette hâtive. Ses bourgeons sont longs & jaunâtres… ; ses feuilles grandes, larges, jaunissent en automne.

Les fleurs sont de moyenne grandeur.

Le fruit est rond ; moins gros que la grosse violette ; quelquefois un peu aplati… ; la peau est jaune, lisse, & sans duvet ; un peu fouettée de rouge du côté du soleil… ; la chair est jaune & ferme… ; lorsque les automnes sont chauds, l’eau est sucrée, très-agréable, & prend un petit goût d’abricot… ; le noyau est de médiocre grosseur. La jaune lisse

  1. Ces observations sont nécessaires pour le climat de Paris, inutiles dans les provinces du midi. On lit dans le Journal de France un fait bien singulier.

    « M. Boudrot, ancien chirurgien des armées, domicilié à Ray-sur-Saône, en Franche-Comté, possède un brugnonier. Cet arbre est venu de noyau, & n’a point été greffé ; circonstance que je vous prie de remarquer. Il étoit placé dans le jardin où il produisoit le genre de fruit que naturellement on devoit en attendre. Des circonstances ont obligé de le transplanter au milieu d’une vigne. Là, il a donné encore pendant deux ans de simples brugnons ; cette année-ci, il s’est trouvé chargé tout à la fois de brugnons bien formés, de pêches bien caractérisées, & de fruits métis qui tenoient par moitié de la pêche & du brugnon. Cette altération s’étendoit jusqu’au noyau qui, d’un côté, ressembloit à celui du brugnon, & de l’autre à celui de la pêche, & souvent la même branche ou brandille offroit des fruits de ces trois espèces. La bizarrerie dans le métis étoit également sensible à l’œil & au goût.

    » Je n’ai pas été témoin du fait ; mais je ne saurois en douter ; il m’a été certifié par le propriétaire dont la véracité égale les talent ; il m’a été confirmé par plusieurs personnes respectables de Ray même, »