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les branches dont le pêcher & les autres arbres sont composés.

Pour former les branches-mères qui forment le premier ordre, je commence à dresser mon arbre sur deux branches, que je taille à quatre, cinq ou six yeux, & dans le cas où il a poussé une branche plus forte d’un côté que de l’autre, je taille fort long la plus forte, & je tiens très court la plus foible qui tarde peu à ratrapper la première qui a été beaucoup chargée & réduite. À mesure que ces branches s’allongent, je leur donne plus ou moins de charge, afin de leur faire occuper une plus grande étendue sur la muraille ; elles me produisent une infinité de gourmands qui poussent à leur extrémité ; je les taille fort long, à un, deux ou trois pieds, suivant la vigueur de l’arbre, & je rabats le bout de la branche-mère sur le gourmand qui a poussé le plus près de son extrémité ; je détache ensuite du mur les branches mères, pour abaisser chaque côté davantage, afin de l’évaser & de l’étendre.

Le milieu de l’arbre, loin d’être vide, se trouve aussi garni que les côtés, au moyen des branches montantes & des descendantes qui sont aussi, pour la plupart, des gourmands alongés, & au moyen des branches crochets placées de distance en distance, pour en garnir les intervalles. Ces branches-mères & ces membres font éclore des branches à crochets qu’on laisse pousser de toute leur longueur, & qu’on taille au printemps à bois & à fruit, suivant l’âge & la force de l’arbre.

Parmi les branches-crochets qui poussent à côté de chaque œil des gourmands conservés, je supprime au palissage & à l’ébourgeonnement toutes celles de devant & de derrière, pour palisser celles des côtés ; & à la taille suivante, j’en abats une entre deux, je taille les autres à un ou deux yeux sur les fleurs qui se rencontrent. Ces branches-crochets me donnent dans l’année du fruit, & du bois pour la suivante.

Qu’on ne me dise point que je me contredis, & que je laisse sur les branches-mères des branches tirantes qui poussent perpendiculairement. Ces dernières, quoique perpendiculaires, sont originaires de branches obliques, & par conséquent elles ne peuvent attirer à elles seules toute la nourriture, ni assumer les autres, comme si elles étoient d’aplomb à la tige ou au tronc. Il arrive néanmoins quelquefois qu’elles prennent trop de nourriture ; on les réduit alors soit en les supprimant, soit en les ravalant sur une branche basse, soit enfin en les courbant forcément pour arrêter la sève, comme il sera dit en parlant de la courbure des branches.

Par rapport aux branches-crochets qui donnent bois & fruit, les fortes dont les yeux sont doubles, avec un bouton à bois au milieu, reçoivent un peu plus de charge que les autres. Les demi-fortes dont la grosseur est moindre, sont moins chargées. Quant aux foibles qui n’ont qu’œil à fruit & à bois, on les tient court ; mais à force de tailler successivement sur les unes & sur les autres, les branches sur lesquelles on a taillé précédemment, se trouvent trop haut montées, on les rabat d’année en année, & on profite de celles qui percent aux environs, & des gourmands pour rapprocher la taille.