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E, branche qui croise en dessous de la grosse, pour remplir le vide. Cet arbre, comme on le voit, est dégarni depuis le bas jusqu’en haut, à la lettre C, pour avoir toujours été tiré de long par la voie de la perpendicularité.

Le pêcher, au contraire, que je donne pour modèle, forme, tant au moyen des maîtresses branches que des branches-mères, autant d’éventails particuliers. On remarque sur celui de la Figure 6 bourrelet A, simple & non gonflé, de la greffe, d’un pêcher sur amandier ; les branches latérales B, & ce qu’on nomme sorties ; C, les branches crochets ou lambourdes, qui ont pris naissance sur les deux branches-mères D & sur les six membres E. Ces sortes de branches sont le fruit de l’industrie du jardinier qui a su les ménager à propos. La lettre F désigne les clous & : les loquis (consultez ce mot) qui servent à palisser les branches sur les murs enduits de plâtre.

Le pêcher de la Planche XVI, Fig. 4, Tom. II, est tout taillé & palissé à la loque ; le vide qui s’y trouve se remplit comme on le voit dans la Fig. 5 de la même planche. Si une des mères-branches est plus forte que les autres, on parvient, peu à peu, à lui donner une égalité proportionnelle par le moyen de l’ébourgeonnement. Les tailles y sont différentes sur les différentes branches ; les unes sont taillées fort long pour donner du fruit la même année, & les autres taillées court, sont les branches de réserve pour tailler dessus l’année suivante.

La différence des deux arbres mis en comparaison, est telle, pour la pousse, qu’un pêcher de Montreuil, à l’âge de cinq ou six ans, est plus formé, qu’il occupe plus de terrain, que sa tige & ses branches sont plus grosses, & qu’il donne plus de fruit que l’autre arbre de dix à douze ans. De plus, à mesure que les branches qui poussent perpendiculairement à la tige ou au tronc, grossissent dans les arbres ordinaires, celles des côtés meurent successivement après avoir, langui, & il n’y a plus que le milieu & le haut qui profitent. Ces grosses branches perpendiculaires croissent aussi aux dépens de la tige, & la surpassent en grosseur. Au contraire le pêcher étant dressé en forme de V, il se fait une distribution proportionnelle de la séve, qui, des deux mères-branches, passe obliquement, & par conséquent avec moins d’impétuosité, dans toutes les autres. Cette manière de former les arbres en espalier est conforme à l’usage pratiqué envers les arbres de tige & de buisson auxquels on coupe la tête, pour forcer la séve à se partager horizontalement dans les branches latérales autour du tronc & de la tige.

Outre les trois classes de branches que j’ai distinguées, il y en a un autre ordre ; 1°. des gourmandes qui naissent communément de l’écorce, des yeux des boutons, du tronc ou de la tige, souvent même des racines dont elles sont des rejetons ; 2°. des demi-gourmands qui viennent également par-tout ; 3°. des lambourdes ou brindilles que l’on ne connoît pas & que l’on çonfond souvent ; 4°. des branches folles ou chiffonnes, que l’on appelle aussi faux bourgeons, ou branches de faux bois. Sur cette diversité consultez le mot Branche.

Telles sont ordinairement toutes