geons, je les laisse quand ils sont nécessaires pour renouveler l’arbre, soit dans sa vieillesse, soit dans ses épuisemens causés par la mauvaise manière dont ils ont été gouvernés. Je les greffe alors, sinon je les coupe fort près afin que la plaie se recouvre. Quant aux demi-gourmands j’en fais le même usage, à peu de chose près, que des gourmands décidés. Je mets de ce nombre des branches d’un volume au-dessous de celui des gourmands & au-dessus de celui des branches ordinaires, & qui ont d’ailleurs les mêmes caractères. Quant aux artificiels, j’emploie, pour les faire naître, le ravalement & le rapprochement. On est maître, jusqu’à un certain point, de ne pas avoir de gourmands ou d’en avoir peu ; en les supprimant, l’arbre chargé d’une sève surabondante, en produit toujours de nouveaux, jusqu’à ce qu’enfin il soit épuisé. Pour les diminuer ou s’en préserver, il suffit de profiter de ceux que la nature nous présente, de tirer dessus, de les alonger, & de les charger amplement.
Un arbre est épuisé ; je suppose qu’il est bon, & que ses branches ne sont pas totalement desséchées. On lui a ôté tous ses gourmands qui faisoient sa richesse, sa force, sa santé & sa fécondité ; il n’a poussé que de faux bourgeons ; on a rogné, pincé, par ses extrémités, le peu de bonnes branches ou de bourgeons qu’il a fait éclore, & auxquelles ont succédé des branches chiffonnes. De plus il est dégarni en quelques endroits. La gomme qui le ronge a carié ses branches remplies de chancres. Cet arbre, quoique jeune, va être la proie du feu. Pour peu que j’aperçoive en fouillant ses racines, quelles sont saines, je le renouvelle par le ravalement & le rapprochement, après quoi je panse les plaies que j’ai été obligé de lui faire.
Je coupe au printemps toutes les branches de vieux bois sur celles qui sont les plus voisines que je taille à un ou deux yeux. Je le rapproche en supprimant une partie de ses anciennes pousses, & en observant de le mettre sur les branches du bas & du milieu qui annoncent plus de vigueur ; je suis sûr alors d’avoir des gourmands, ou même d’autres branches, qui percent de la peau au-dessous de mes coupes. Il est inutile d’ajouter que pour faciliter la végétation, on doit avoir recours à de bons engrais, & que pour le recouvrement des plaies, les coupes doivent être nettes & sans chicot.
On a remarqué qu’en supprimant les gourmands, la tige cesse de profiter, &c reste à peu près dans le même état qu’en pinçant ou arrêtant quelques branches au pêcher ; la nature, qui juge cette extrémité essentielle à l’arbre, en reproduit sur le champ une autre ; de plus, au lieu d’un petit rameau que vous ôtez, il en croît d’innombrables qui subissent le même traitement, & qui forment à chaque bout rogné autant de têtes de saule, d’où il arrive que tous les bas de ces branches rognées, qui, dans le pêcher, vous auroient donné du fruit l’année suivante, s’ouvrent dès l’année même en pure perte. De là votre arbre s’emporte, vous n’avez plus que des branches par en haut, tout le bas périt infailliblement.
Les lambourdes & brindilles, (consultez ces mots) existent dans tous