Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/569

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che à s’élever, sont dans la même inclinaison, comme elle s’élance avec force des racines pour se porter aux extrémités des branches, la direction verticale étant celle qui est la plus favorable à son action, elle sera ralentie dans son cours & coulera avec moins d’abondance en proportion de la résistance que lui opposeront les différens degrés d’un angle d’inclinaison ; de manière qu’une branche perdra une grande partie de sa force, si on incline sa direction verticale naturelle, du côté de l’horizontale ; à moins qu’elle ne croisse, dans son principe, d’un œil qui tende naturellement à prendre cette direction ainsi qu’on en pourra juger par le développement de la Figure 14 ; on y verra que la ligne A D, présente la direction naturelle de la branche après la taille qui a été faite au point A ; abandonnée à elle-même, cette branche auroit cherché, pour s’élever davantage, à se rapprocher de la ligne verticale A T, & auroit parcouru la ligne A H G, parce que la séve n’auroit trouvé qu’un léger obstacle dans la courbe H ; parcourant ensuite la ligne verticale H G, elle auroit pu s’élever à son gré, si l’on n’avoit employé l’art du palissage pour la maintenir dans la direction primitive de son développement, qui étoit presque horizontale ; & elle seroit retournée vers la position verticale H G, qui lui est la plus naturelle. Mais comme dans ce cas elle a pris trop de supériorité sur la branche A 2, correspondante, pour modérer son ardeur & diminuer sa force, on a été obligé d’opposer un obstacle au fluide destiné à son accroissement, par l’inclinaison A 3, un peu plus rapprochée de la ligne horizontale ; la séve alors ralentie dans son cours, par l’opposition que lui présente un angle qui se rapproche davantage de l’angle droit, s’est conséquemment portée en moindre quantité dans cette branche ainsi inclinée, ce qui a occasionné une diminution sensible dans son accroissement. On pourroit encore ralentir davantage l’activité de ce fluide, eh ramenant la branche au point F, on parviendroit même à l’altérer très-sensiblement, en la forçant de s’incliner jusqu’au point E ; parçe qu’alors l’angle devenant droit, opposeroit au cours de la séve une résistance si forte qu’elle ne pourroit qu’avec beaucoup de difficulté parvenir l’extrémité du bourgeon. Il est donc évident que l’on peut augmenter ou diminuer à son gré la vigueur d’une branche. Dans l’exemple présent, Fig. 14, l’équilibre une fois rétabli dans les deux bourgeons A 2, A 3, Fig. 10, on les remettra par un second palissage dans la direction naturelle AC, AD, Fig. 14, afin que la séve reprenne l’égalité de son cours.

Nous ne saurions trop insister sur la nécessité d’obtenir l’égalité dans les premières pousses ; elles doivent être les mères de toutes les autres, & former, chacune de leur côté, un arbre parfait, par la juste disposition & le balancement des membres & des branches crochets qui viendront successivement & avec ordre, comme on peut le voir Fig. 22, car en faisant distraction d’un côté quelconque du tronc AB, & se figurant la prolongation de la mère-branche AM, par le point A jusqu’au point &, (ce qui supposeroit la tige) on reconnoîtra aisément dans le carré A O M F la figure d’un arbre venu naturellement ; à la réserve cependant que toutes les branches