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fructueuses que le palissage a rapprochées de la tige, auroient été portées aux extrémités, si, à chaque pousse, on n’eût employé la taille pour les rabattre & garnir l’intérieur de l’arbre.

Une attention importante que l’on doit avoir, c’est que toutes les tailles soient faites avec propreté, un peu en talus, sans être trop alongées, de peur d’altérer l’œil sur lequel on coupe, laissant même un demi-pouce au-dessus, (sauf à s’en rapprocher par la suite) lorsque la taille le sera dans un temps où l’on ne pourroit espérer un prompt recouvrement comme dans l’automne & l’hiver, temps auquel la sève n’est occupée qu’à la formation des racines.

Il vaudroit beaucoup mieux, sans doute, pour éviter la multiplicité des plaies, à cause du retard qu’elles occasionnent par les recouvremens qui consomment une grande partie de la séve, avoir recours au pincement (cons. ce mot) ce moyen paroît propre à remplir cet objet. Il s’agiroit donc de pincer à propos, & dans les temps convenables, l’extrémité des bourgeons naissans à peu près aux endroits où l’on voudroit former des divisions. Par exemple, dans la Figure 8, pour avoir par la coupe faite en A, la division A 2, A 3, Figure 10, on n’auroit pas attendu que le jet provenu de l’écusson se fut porté jusqu’au point T ; mais on en auroit pincé l’extrémité lorsqu’il auroit excédé le point A de deux ou trois pouces ; & quelque temps après, lorsque la division auroit été formée, pour obtenir les secondes divisions A 7, A 6, A 9, A 10, Figure 12, on auroit pincé également les deux bourgeons venus de la première opération ; & ainsi par le moyen d’un pincement raisonné, les pousses ne se feroient pas en pure perte comme à la partie A T, Figure 8, & en outre les bourgeons n’ayant encore acquis presqu’aucune consistance, le développement des yeux se feroit avec d’autant plus de facilité que les couches ligneuses n’en auroient pas encore rétréci l’orifice, sur-tout dans ceux qui, placés à la naissance des branches, sont toujours sujets à s’aveugler ; la séve enfin n’étant plus employée qu’à des objets avantageux, on parviendroit beaucoup plutôt à porter l’arbre à son dernier degré de perfection.

Seconde taille. La saison propre à faire cette taille, & toutes celles qui suivront, sera toujours favorable lorsque l’on pourra espérer un renouvellement dans la séve ; c’est-à-dire, aux mois de février, mars, mai, juin & juillet. Il seroit trop tard d’attendre que la pousse d’août fût commencée, parce que les nouveaux bourgeons n’auroient pas encore eu le temps d’acquérir la consistance nécessaire pour pouvoir se défendre des gelées. Les temps aussi où la séve est trop abondante, ne sauroient convenir, attendu que la coupe en occasionneroit une trop grande déperdition.

Dans le sujet traité, Figure 10, lorsque les deux bourgeons A 2, A 3, amenés par l’art à l’égalité parfaite, auront acquis dix-huit à vingt-quatre pouces de longueur, on les taillera au point X Y, figure 11 ; cette opération donnera deux produits.

Le premier sera la continuation de ces deux mères-branches, depuis les points de section XY, Figure 12, jusqu’aux points 6 & 9, par le moyen d’un œil laissé à l’extrémité de la branche taillée, à l’effet de mieux marquer la coupe, & d’éviter les désor-