Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/575

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ne doit avoir, dans toute son étendue, que les deux pêches qu’elle porte, accompagnées des bourgeons qui les nourrissent, lesquels on aura soin de pincer lorsqu’ils auront quatre ou cinq pouces de longueur, afin que la sève arrêtée par cette opération, reflue sur la branche à fruit & la nourrisse plus abondamment. En second lieu, cette pousse doit être accompagnée de la branche qui vient à l’extrémité de la taille, que l’on pincera aussi ; & enfin de la branche venant de l’œil le plus bas, qui servira au remplacement. Cette dernière est celle sur laquelle on veillera avec le plus d’attention ; il faudroit même sacrifier le fruit en rabattant sur la première & la supprimant totalement jusqu’à la nouvelle qu’on veut conserver. Tous les bourgeons qui naissent dans l’étendue de la branche taillée, seront supprimés, si celle-ci est conservée. On réservera cependant ceux qui sont faits pour nourrir les fruits & conduire la branche, comme il a été dit plus haut. Cet exemple suffit pour toutes les branches de cette espèce. Quant à celles dont l’extrême foiblesse ne leur permettra pas de porter du fruit, elles seront taillées à un œil ou deux pour laisser seulement la branche qui paroîtra par la suite propre à acquérir la longueur prescrite.

La quatrième & dernière opération, donnera d’abord les branches fructueuses 46, 47, 48, 49, Fig. 18, & leurs correspondantes sur les membres inférieurs A 19, A 28 ; ensuite le bourgeon 50, & son correspondant, quoique prenant naissance sur les mêmes branches, sont jugés nécessaires pour occuper & couvrir une place que les branches-crochets du membre supérieur E 17, & de l’inférieur A 28, ne pourroient remplir, sans être ramenées avec contrainte, ou, sans être trop alongées. Elle procurera enfin les bourgeons 51, 51, 53 & leurs correspondans. Tous ces nouveaux bourgeons ne poussent pas également. Dans le principe, ceux qui sont placés à l’extrémité de la taille, sont toujours plus étendus, les plus foibles en sont les plus éloignés ; mais traités dans la suite comme on l’a expliqué à la troisième opération pour les bourgeons 41, 41, 43, ils acquièrent l’égalité. Toutes ces branches seront palissées dans l’ordre où elles poussent, sans se croiser & ayant entre elles une distance de quatre ou cinq pouces tant au-dessus qu’au-dessous des membres horizontaux, & sur les côtés des membres verticaux. Elles ont toutes assez de place pour être fixées sans gêne au treillage : on doit seulement être attentif qu’aucune de ces branches ne prenne trop d’accroissement ; elle nuiroit alors à celle de l’extrémité qui sert à la continuation du membre. Ainsi, lorsque l’on en verra pousser une avec trop de vigueur, il faudra la rabattre à deux ou trois yeux dans le courant de l’été, pourvu que ce soit avant la sève du mois d’août, afin qu’elle puisse se reproduire par une nouvelle branche qui sera alors moins forte à raison du peu de tems qu’elle aura eu à pousser.

Ce sont là tous les effets de cette quatrième opération ; elle peut avoir lieu dans des sujets bien constitués, même dès la deuxième année après la plantation ; & il est facile en économisant avec prudence toutes les pousses utiles, & supprimant, lors de l’ébourgeonnement, celles qui seroient nuisibles, d’avoir au palissage du mois d’août de la seconde année,