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le sang des molécules délayantes & calmantes, & ils causeront à ces parties un relâchement qui les mettra en état de recevoir & de retenir plus de liquides : par ce moyen on parviendra à diminuer, autant qu’il sera possible de le faire, le mouvement &la quantité des humeurs qui se portoient au poumon.

Jusqu’au temps où la résolution de la maladie est décidée, on ne doit donner au bœuf malade pour tout aliment, que des boissons légèrement nourrissantes, parce que la terminaison de cette espèce de péripneumonie arrive dès les premiers jours de la maladie, lorsqu’elle doit avoir lieu. On se bornera donc à lui donner de légères décoctions d’orge, d’avoine, & de blé de froment, ou celles de carottes, de raves, de navets, de courges, d’orge, d’avoine, ou enfin celles des semences de foin, de sainfoin & de luzerne. Il est d’autant plus important que le chyle qui résulte de ces alimens liquides, soit très-fluide & peu abondant, que s’il étoit épais, visqueux, ou en trop grande abondance, étant porté de la veine axillaire dans le poumon, il passeroit difficilement à travers les extrémités les plus étroites de ses vaisseaux, & seroit capable de surcharger ce viscère. Les médicamens nitreux, miellés, les décoctions douces & savonneuses des racines de mauve, de guimauve, le rob de sureau, peuvent être d’un grand secours ; mais la simple décoction d’orge avec le nitre & l’oximel peut satisfaire seule à l’indication que nous, avons à remplir.

Les remèdes que nous venons d’indiquer pour le traitement de la péripneumonie, qui se termine par une résolution douce & bénigne, sont les seuls qui conviennent lorsque cette maladie prend la voie de l’expectoration. C’est par leur moyen que la matière morbifique se fond, reprend sa mobilité, & qu’elle dégage & rend libres les canaux qui doivent lui donner issue, ainsi les décoctions émollientes & légèrement détersives, satisfont parfaitement à tout ce qu’on se propose dans pareille occasion. On peut encore mettre en usage les décoctions des feuilles d’aigremoine, de pariétaire, de pissenlit, la semence d’orge, celles de pavot blanc & de fenouil, grossièrement triturées, & la racine de réglisse. La péripneumonie qui finit de cette manière, se termine dans un temps assez court, pourvu qu’on ne trouble point cette évacuation salutaire, en pratiquant des saignées, ou en administrant des purgatifs, & des sudorifiques, qui ne manquent jamais de supprimer l’expectoration.

Si dans la péripneumonie le médecin vétérinaire s’aperçoit que le bœuf soit atteint d’un cours de ventre qui lui facilite la respiration, & rende son pouls plus ample & plus plein, il pourra en conclure que c’est une seconde voie par laquelle la matière morbifique s’échappe du corps de l’animal : pour favoriser cette évacuation critique, il emploiera les mêmes remèdes & le même régime qu’on vient de prescrire dans les deux terminaison précédentes ; mais outre cela il aura soin de lubrifier & de relâcher les voies vers lesquelles la nature dirige la matière morbifique, en administrant des lavemens adoucissans faits avec les décoctions des feuilles