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Article premier

Cure de la péripneumonie putride symptomatique.

On ne peut guère se passer dans cette maladie, de la saignée ; on est même quelquefois obligé de la réitérer, pour prévenir les engorgemens & les inflammations qui peuvent survenir lorsque le temps des saignées est passé ; mais on ne doit pas, sans une nécessité indispensable, pousser les saignées plus loin, dans la crainte d’affoiblir l’action des organes, si nécessaire à l’expulsion de la matière morbifique. On se contente dans les premiers temps de tenir le ventre libre par de légers laxatifs ou par des lavemens, & c’est la meilleure manière de se mettre à couvert des accidens qui menacent la tête & la poitrine. Les purgatifs ne conviennent que dans le temps de la dépuration : il arrive cependant quelquefois qu’on peut & qu’on est même obligé de s’écarter de cette règle qui doit toujours aller de concert avec les mouvemens de la nature. Les délayans & les temperans, les rafraîchissans & les nitreux, & sur-tout la crème de tartre, qui, donnée à petites doses, peut tenir le ventre libre, sont ici très-recommandés & méritent de l’être ; je n’en excepte point les anti-putrides, quoique suggérés par une hypothèse, parce que je les crois très propres à s’opposer à l’alcalescence des humeurs. Le quinquina est souvent utile à la fin de cette péripneumonie, comme un fortifiant qui vient au secours des organes affoiblis par la violence de la maladie & non comme anti-septique. Les cordiaux & les diaphorétiques sont de quelques secours, lorsque la nature languissante a besoin d’être soutenue dans le temps de la coction ; mais il est assez rare qu’on en ait besoin. Le camphre est le calmant le plus approprié à cette maladie. Si enfin la poitrine est très embarrassée, on tâche de la soulager par l’application des vésicatoires sur les deux parties latérales de cette cavité.


Article III.

De la péripneumonie bilieuse.

Les symptômes de cette maladie s’annoncent par une respiration plus ou moins laborieuse, par un pouls ordinairement vif, dur & précipité : mais après quelque temps, il est foible & irrégulier avec beaucoup d’accablement. La langue & les lèvres des bêtes à cornes qui en sont atteintes, sont jaunes, noires ou sèches ; les matières expectorées, les urines & les déjections qui se font par l’anus, sont couleur de citron & écumeuses. On doit tâcher de les entretenir ; car la bile est dans quelques sujets, si âcre & si caustique, quelle brûle le fondement. En effet, il n’est pas difficile de concevoir que si cette liqueur caustique ne s’évacue point, la maladie en dévient plus terrible & plus meurtrière : non-seulement elle enflamme les poumons, le péricarde & le cœur, mais elle peut encore enflammer le cerveau & les estomacs, ce qu’on connoît en appliquant la main sur le front, sur la région épigastrique, & à la froideur des extrémités. La plupart des animaux malades sont si tourmentés qu’ils changent à chaque instant de position & de place ; alors le ventre eu tendu,