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& souvent toute l’habitude du corps est couverte d’une sueur infructueuse.

Les causes. Parmi les animaux dont il est question, les jeunes sont plus sujets à la péripneumonie que ceux qui sont plus avancés en âge ; ceux qui ont le tempérament sec & bilieux ; la saison & les travaux excessifs, peuvent encore occasionner cette maladie.

La résolution. Le cours de ventre, vers le quatrième ou le septième jour, est presque la seule évacuation qu’on puisse regarder comme critique ; les urines cependant déposent quelquefois ; on doit peu attendre des sueurs : le délire, la difficulté d’avaler, L’engorgement des parotides & des jugulaires ; l’urine noire & sanglante ; le cours de ventre prématuré, &c. sont toujours de mauvais augure. Ces animaux périssent de cette maladie, le troisième ou le quatrième jour, rarement le septième. La péripneumonie bilieuse est moins dangereuse pour les animaux de trois ans ou au dessous, que pour ceux qui sont au dessus de cet âge.

L’ouverture des cadavres nous fournit ici beaucoup d’observations : on trouve dans le poumon des suppurations, des pourritures, des épanchemens sanieux & purulens, tant dans la cavité du péricarde que dans la grande capacité ; le péricarde diversement affecté, souvent collé à la surface du cœur, ou en suppuration ; le cœur flétri & desséché ; ce viscère d’une grosseur monstrueuse, ses ventricules & ses oreillettes remplis d’un sang couenneux, jaunâtre & très-adhérent à leurs sinuosités. On a vu dans l’abdomen le foie enflammé, purulent & tombant en pourriture ; ce viscère d’une couleur de safran, tant à la surface qu’à l’intérieur, d’un volume prodigieux, & repoussant quelquefois le diaphragme bien avant dans la cavité de la poitrine ; squirreux, dur, sec & flétri ; des adhérences plus ou moins fortes avec les parties voisines ; la vésicule gorgée de bile noirâtre, quelquefois entièrement vide & desséchée ; des concrétions dans sa cavité : on a observé que la bile qui transpiroit de ce réservoir, avoit fait tomber en pourriture les parties voisines qui en étoient teintes. On a trouvé les reins & les autres viscères, quoique plus rarement, dans le même état, & des épanchemens de la même nature dans la cavité du bas-ventre. Le sang des veines hépatiques, de celles du cerveau, &c. &c. a paru noir & ressemblant à de la poix. On a enfin remarqué des taches gangreneuses sur différentes parties.

La cure exige de fréquentes saignées dès le principe de la maladie ; il est rare qu’il faille les réitérer au-delà du second jour, à moins qu’il ne survienne une plus grande inflammation. Elle exige des tisanes rafraîchissantes & adoucissantes, avec les fleurs de mauve, de guimauve, une décoction d’orge avec la réglisse & les semences froides ; des purgatifs légers, que l’on donnera dans la rémission de la fièvre, & qui seront composés d’une décoction de casse avec la manne dans une forte décoction de semence de lin. Pour entretenir l’expectoration, on donnera le soir une décoction de fleur de coquelicot. On n’emploiera pour les lavemens, qui sont très-nécessaires dans cette maladie, que les remèdes les plus adoucissans : les décoctions de graine de lin, le petit-lait, l’eau tiède à laquelle on ajoutera quelques cuillerées d’huile d’amande douce récente, pourront satisfaire à cette indica-