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tion. On complettera le traitement comme dans la péripneumonie vraie.


Section IV.

De la péripneumonie maligne.

La péripneumonie maligne diffère de la bilieuse, en ce qu’elle ne se termine jamais avant le vingtième jour, & presque toujours plus tard, outre qu’elle est ordinairement épizootique & contagieuse. Cette maladie meurtrière a son principal siège dans les nerfs & le cerveau ; car les affections cérébrales qui l’accompagnent ne sont point passagères ni symptomatiques mais elles la suivent essentiellement tant que l’oppression de la poitrine persiste.

Causes. La mauvaise qualité des fourrages, l’excès du travail, les exhalaisons qui s’élèvent des eaux croupissantes, le long séjour des excrémens qu’on laisse corrompre dans les étables des bêtes à cornes, & qui infectent l’air qu’elles respirent, ou passent dans leur sang avec les alimens ; la mal-propreté, l’oubli du pansement de la main, &c. sont autant de causes qui peuvent donner naissance à la péripneumonie maligne.

Symptômes. Neuf à dix jours avant que cette maladie le déclare ; les animaux qui doivent en être frappés, sont comme engourdis, foibles, languissans & sans appétit. Le mal, après avoir ainsi couvé, se manifeste ensuite d’une manière moins équivoque par la toux, par la difficulté de respirer, par l’horripilation, par un frisson plus ou moins long, suivi de la fréquence du pouls & d’une chaleur d’abord assez modérée, & se présentant sous un aspect fort doux,

ce qui peut tromper les médecins vétérinaires les plus attentifs, s’ils ne sont avertis par l’épizootie. La respiration difficile, l’assoupissement, l’accablement, le délire quelquefois accompagné de mugissemens lugubres, l’engourdissement, les tremblemens & les convulsions en sont les symptômes les plus familiers. Le pouls dans cette maladie est languissant, foible, irrégulier &c inégal, quelquefois naturel & véhément. On sent en le touchant, un tremblement ou des soubresauts dans les tendons. La respiration est plus ou moins gênée ; le ventre est plus ou moins tendu ; les urines sont quelquefois trop abondantes ou supprimées & retenues dans la vessie. Les sueurs presque toujours infructueuses, sont irrégulières, fétides, froides, &c. ; il sort de la bouche une bave limoneuse dans les premiers temps ; mais dans le cours du mal, l’intérieur des lèvres & la bouche paroissent brûlées & grillées ; les déjections sont fétides. Il paroît encore, dans la péripneumonie maligne, des parotides qui suppurent difficilement, des charbons ou de petites tumeurs charbonneuses. Il n’est pas aisé de fixer la durée de cette maladie, tant à cause de l’incertitude de son commencement & même de sa fin, qu’on sait-être très-équivoques, que parce que sa longueur peut-être en raison inverse de sa violence ; cependant on peut assurer qu’elle ne se termine jamais avant le vingtième ou le vingt-unième jour, qu’elle va communément à quarante & même à soixante jours.. Son déclin est ordinairement sert long & périlleux, il faut même remarquer que, quand la fièvre conserve dans ces derniers temps un certain degré de