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PERTE DE SANG, Médecine Rurale. C’est le nom qu’on donne à tout écoulement excessif de sang qui paroit dans tous les temps de la vie, sans garder aucune apparence de période régulière. S’il est médiocre & opiniâtre, on l’appelle suintement de la matrice. Les pertes entraînent toujours après elles un état de foiblesse & d’abattement ; une lenteur dans les pulsations des artères, la pâleur du visage, la froideur des extrémités ; à ces symptômes succèdent le défaut d’appétit, le dégoût, l’amaigrissement, enfin le marasme : il se forme aussi souvent dans cette maladie des obstructions dans les viscères du bas ventre, parce que les humeurs qui s’y filtrent s’arrêtent dans leurs canaux, à travers lesquelles elles ne sont plus poussées comme à l’ordinaire, ni par la circulation du sang qui est trop ralentie, ni par le ressort des fibres des viscères même qui sont dans l’atonie, par le défaut des esprits animaux. Alors la cachexie survient, les malades se sentent plus essoufflés quand ils montent quelques degrés ; ils ressentent un battement extraordinaire dans la région épigastrique ; l’œdème ne tarde point à se manifester aux extrémités inférieures & quelquefois à une main ; peu à peu il augmente, gagne les reins & devient enfin un anazarque universel.

L’écoulement du sang a toujours lieu, soit que les malades soient debout ou assis, pourvu qu’il n’y ait point d’obstacle à l’orifice de la matrice ou au vagin qui s’oppose à la sortie ; mais si l’orifice est fermé, ou si les femmes sont couchées, le sang retenu dans la matrice s’y fige, & y forme des caillots plus ou moins gros, plus ou moins durs, plus ou moins fétides, suivant le degré de chaleur, le degré d’âcreté qu’ils y contractent, & les qualités vicieuses dont le sang peut se trouver infecté.

La perte de sang est une maladie, toujours fâcheuse, & lorsqu’elle est habituelle & invétérée, elle expose les personnes du sexe qui en sont attaquées aux plus grands dangers de perdre la vie, sur-tout si elles sont avancées en âge, & si la cause qui l’entretient est dans l’intérieur de la matrice. Il est très-difficile de guérir la perte qui dépend d’une solution de continuité des vaisseaux de la matrice ; mais il est aisé de remédier à celle qui ne dépend que de la quantité, de la fougue & de la raréfaction du sang. En général, quand elle dépend de la dilacération, de l’érosion & de l’exulcération des vaisseaux, elle est plus difficile à guérir que lorsqu’elle reconnoît pour cause le relâchement, la dilatation, l’atonie & l’inertie de ces mêmes vaisseaux.

Mais ces différentes solutions de continuité reconnoissent plusieurs causes parmi lesquelles on doit comprendre les ulcères, les plaies, les déchirures ou les écorchures qui arrivent au dedans de la matrice dans les couches laborieuses, dans les fausses-couches, dans l’extraction d’un enfant mort ou d’un placenta adhérent ; les ragades, les gerçures ou taillades que causent dans l’intérieur de la matrice, les fleurs blanches trop âcres, les injections trop piquantes, la distension trop grande que la matrice souffre dans les accouchemens violens ou les coups d’ongles donnés en accouchant.

Astruc ne veut pas qu’on oublie d’ajouter à ces caisses internes, plu-