Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/647

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sieurs autres causes externes, qui ne laissent pas de contribuer à entretenir, à augmenter & même à provoquer les pertes, toutes les fois qu’il y a dans la matrice quelqu’une de ces dispositions ou quelqu’un de ces vices. Dans ce nombre, il compte l’excès de la chaleur de l’air dans l’été, les redoublements violens de fièvre qui précèdent ou qui accompagnent l’éruption de la petite-vérole. Les veilles fréquentes & immodérées, les vives passions de l’ame, l’usage des demi-bains, ou des bains trop chauds, ou l’habitude de se chauffer extrêmement les pieds ; l’action subite du froid sur l’habitude du corps, l’impression d’une terreur imprévue, une pluie froide dont le corps se trouve tout d’un coup pénétré. Le trop grand usage du mariage, ou les exercices violens, tels que la longue promenade, la danse, les chûtes, les secousses de cheval, les cahots d’une voiture rude, les cris violens, la déclamation, la lecture à haute voix, les éternuemens fréquens, les secousses du vomissement, les épreintes fortes & long-temps soutenues dans la diarrhée & le ténesme. Les fausses-couches, l’abus des emménagogues trop forts, les pessaires trop âcres, les saignées du pied trop répétées. Le traitement des pertes est relatif 1°. à la tension, à la plénitude, à l’orgasme & à l’affection spasmodique dominante dans les organes voisins & éloignés qui correspondent avec la matricé ; 2°. à l’atonie de la matrice, ou défaut d’activité dans les vaisseaux utérins ; 3°. à l’acrimonie ou dissolution des humeurs.

1°. On emploiera la saignée si l’affection spasmodique cause un état fébrile avec force & véhémence dans les pulsations de l’artère ; elle détendra les parties qui sympatisent avec la matrice. Après la saignée il faut faire usage des remèdes antiphlogistiques, tels que les nitreux ; l’esprit de vitriol avec la teinture de roses est un excellent remède. On observe cet état spasmodique principalement quand la nature va procurer la cessation des règles, Il produit une perte abondante qui est le symptôme le plus sensible de cette suppression imminente, ce qui arrive vers l’âge de quarante-cinq à cinquante ans. Rien n’est mieux approprié à cet état que le quinquina, sur-tout lorsqu’il y a une alternative de force & de foiblesse, de rémissions & d’exacerbations bien marquées.

Si cet état est trop violent, qu’il produise une sorte de ténesme avec tranchées & douleurs vives, sur-tout si la perte augmente à proportion de la douleur qu’on ressent dans les aines & la région lombaire, les antispasmodiques seroient insuffisans ; on aura recours aux narcotiques. On ne doit pas se contenter de les donner par la bouche, il faut encore les faire prendre en lavement ; on se sert alors avec succès d’une combinaison des gouttes anodines avec le lait.

2°. On combattra l’atonie ou le défaut d’activité dans les vaisseaux utérins, ou les organes voisins, en donnant l’infusion d’écorce d’orange aigre & non mûre ; celle de pilozelle combinée avec d’autres astringens, tels que l’élixir de vitriol. On peut donner aussi avec succès du vin rouge plutôt acide que spiritueux ; la rhubarbe à petite dose, les eaux minérales gazeuses, le cachou ; mais les meilleurs remèdes sont le quinquina & les martiaux.