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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/65

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de l’atmosphère pendant la nuit. Au surplus, je n’offre ces raisonnemens que comme de simples probabilités.

Une raison plus satisfaisante paroît dépendre de la qualité de la terre qui est épuisée. J’oserois presqu’avancer que lorsque cette épidémie arrive, on doit trouver le champ rempli de racines jusque vers sa superficie, & si on lui a demandé une récolte en grains, on a fini d’affamer sa couche supérieure, qui seule servoit à nourrir ces racines. Les irrigations, les engrais, sont des palliatifs au mal, le vrai remède est de détruire un arbre entre deux.

Tout a son terme, & la vieillesse nous conduit pas à pas à la mort. On peut cependant retarder ce moment de destruction complète du mûrier. On a proposé de couronner cet arbre, & on suit généralement cette méthode. Il en résulte que l’arbre est rajeuni, pour quelque temps, qu’il s’épuise à donner de nouvelles branches ; qu’il faut venir à les ravaler peu d’années après ; enfin, mettre la coignée au pied de l’arbre. Le couronnement complet est au mûrier ce que les grandes saignées sont aux vieillards, elles les remettent de leur maladie pour leur en occasionner une plus forte, l’épuisement. Il vaut beaucoup mieux s’y prendre plus long temps d’avance, ravaler petit à petit les mères branches ; à la fin de chaque année supprimer la plus foible, mais jamais deux dans la même année, s’il est possible de faire autrement.

Le point auquel on doit ravaller les grosses branches, est indiqué par elles, c’est à l’endroit où elles cessent d’être saines, & tant soit peu au-dessous. Ceux qui aiment la symétrie, ravalent toutes les branches à la même hauteur, comme si toutes les branches étoient également défectueuses au même niveau ! il s’agit ici de la longévité de l’arbre, & rien de plus. Sur la partie qui restera des mères branches, on doit également ravaler les petites suivant leur force & leur santé. Il vaut mieux revenir à l’opération l’année d’après, que de trop mutiler l’arbre en une seule fois.

Le remède palliatif ou corroborant consiste dans les fréquens labours tout autour de l’arbre, & à une certaine distance du tronc. On ne doit pas épargner les engrais ; les placer près de l’arbre est un abus ; l’origine des grosses racines est trop dure, trop coriace, elles absorbent trop peu les principes de la séve ; il vaut mieux ouvrir une fosse à une toise & demie du tronc, sur une largeur & une profondeur d’un pied ; y enterrer du fumier déjà bien consommé, & le recouvrir de terre. Cette opération doit être faite à l’entrée de l’hiver, afin que l’eau des pluies de cette saison délave cet engrais, & en entraîne leurs principes aux racines placées en dessous, & à celles de la circonférence. On a recommandé dans les papiers publics de déchausser les vieux mûriers qui périssent pièce à pièce. Je ne vois, dans cette opération, qu’un fort labour donné à l’arbre lorsqu’on rejeté la terre dans la fosse. La nature n’a pas établi les racines pour rester découvertes ; c’est donc le recreusement qui a agi comme labour, & non autrement. Si la maladie provient de la stagnation des eaux près des racines, le seul moyen est d’ouvrir de larges & profondes fosses pour les y attirer & en débarrasser les racines. Si cet