Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/657

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cautères. Fabrice de Hilden prit ce parti pour lui-même, & les enterreurs le suivent avec succès. Ces moyens peuvent être contraires aux personnes affaiblies ; & Vandermike, ainsi qu’un autre médecin allemand, rapportent plusieurs exemples de l’inutilité de ce secours.

Après avoir parlé des différens préservatifs de la peste, il convient de faire connoître les remèdes qui sont indiqués pour la guérir lorsqu’elle est présente.

S’il faut en croire Sydenham, les anciens saignoient jusqu’à défaillance dés l’invasion de la maladie, & réussissoient quelquefois : mais leur méthode n’est pas digne d’imitation. Il vaut mieux saigner à plusieurs reprises, & entremêler en même-temps l’usage des cordiaux. On doit se régler quant à ce moyen, sur la marche, le caractère inflammatoire & la rapidité de la maladie. Ce n’est pas l’état de pléthore qu’on a raison de soupçonner chez les personnes qui font bonne chère, qui vivent dans l’oisiveté ou qui éprouvent habituellement une suppression d’évacuation sanguine, & qui se sont accoutumées à se faire saigner, qui indique la saignée, mais c’est comme le dit fort bien Baillou, la nécessité d’épuiser une grande partie du sang & de diminuer par le pabulum, c’est-à-dire, l’aliment du feu de la peste, ou le développement funeste de la fièvre : la saignée peut être aussi contre indiquée par les désordres qu’elle peut faire naître en excitant la suppression des autres évacuations, par la grande consternation & l’extrême abattement des forces, ainsi que par les foiblesses qu’elle peut augmenter ; mais si malgré toutes, ces considérations elle est indispensable, il faut, au moins avant de la faire, rassurer les malades.

Willis veut qu’on donne l’émétique immédiatement après la saignée ; Diemerbroeck à observé que les effets en étoient pernicieux ; une contradiction aussi manifeste ne peut s’expliquer que par la différence & le caractère des épidémies. Mais en général, avant de le donner ou de le proscrire, il faut examiner si, dès son invasion le caractère de la peste porte un charbon ou toute autre marque d’inflammation plus ou moins complette à l’estomac, ce qu’on pourra connoître par l’ouverture des cadavres. Il faut encore ne pas perdre de vue dans la même épidémie les tempéramens des différens sujets, leurs dispositions particulières, comme facilité à vomir, &c. ; les uns ont les forces oppressées par la surcharge de l’estomac, les autres les ont totalement perdues ; enfin, chez, les uns ou les autres, la matière morbifique est plus ou moins mobile. Il faut examiner encore si cette matière est fixée ou non sur l’estomac, & si la pesanteur des hypocondres, qui n’est pas toujours un signe de saburre, sur-tout lorsqu’ils sont d’une grande sensibilité, ainsi que les nausées, les vomituritions & les anxiétés, ne viennent pas d’une irritation ou d’une inflammation complette de l’estomac, qui contre indiquent l’usage de l’émétique.

Les purgatifs conviennent rarement dans la peste ; jamais dans le commencement, parce qu’ils énervent beaucoup plus que les émétiques.

Il y a deux temps pour donner les sudorifiques. Le premier est l’invasion de la maladie. Ils peuvent, on ne sait comment, suffoquer, pour ainsi dire, la cause pestilentielle. C’est