Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/661

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secours dont l’efficacité est reconnue, & dont on doit faire usage à tout événement, qui est de former un séton au col de l’animal ; nous ne saurions trop le recommander. Ici tous les médecins se réunissent pour donner le même avis. Rammazini dit que tous les bestiaux de M. Borromée moururent, excepté un auquel on avoit fait un séton. Lancisi fait un grand cas de ce moyen. Le médecin de Genève rapporte qu’un paysan perdit tous ses bœufs, excepté un, auquel on avoit fait des taillades en différentes parties du corps. M. Leclerc dit qu’il n’a vu périr aucun des bestiaux auxquels de bonne heure on avoit fait un séton. M. Drouin veut que l’on applique trois sétons & un vésicatoire ; nous nous sommes aussi convaincus par notre expérience, de l’utilité de ce moyen préservatif ; l’ouverture des cadavres prouve l’avantage des sétons. On observe bien souvent des échimoses sous la peau. Souvent la peste se termine par des boutons & par des dépôts dans le tissu cellulaire. Dans la dernière maladie épizootique qui ravagea les provinces méridionales de la France, lorsque quelques unes des bêtes attaquées avoit le bonheur de guérir, on observoit presque toujours ou des excoriations au frein de la langue & dans la bouche, ou des boutons à la peau ; & peut-être la maladie n’étoit elle aussi terrible que parce qu’ordinairement il ne se faisoit point d’éruption. En plaçant un séton, dit M. Vicq-d’Azyr, on ne fait donc que seconder la nature.


3°. Parfumer les êtables.

On doit prendre des soins assidus pour entretenir la plus grande propreté dans les demeures des animaux qui seront menacés de la maladie pestilentielle. Elles seront parfumées chaque jour le matin & le soir, pendant que les bœufs y seront, avec des fumées de bayes de genièvre, & lorsque les bœufs seront sortis, avec des fumées de soufre brûlant. Dans les intervalles de ces fumigations, on tiendra ouvertes les portes & les fenêtres des étables, pour y renouveler l’air qui y croupit. On peut aussi y faire détonner un mélange de nitre pulvérisé avec parties égales de poudre de charbon, ou plus simplement le nitre seul & pulvérisé. Il s’en élève une vapeur que l’on dit être de l’air fixe, & qui est très-antiseptique. La poudre à canon remplit les mêmes indications. Le mélange d’eau-de-vie & de vinaigre est approuvé par M. Vitet. Quelques-uns conseillent de jeter de l’acide vitriolique sur une pelle rougie au feu : ils prétendent que les vapeurs qui s’élèvent, forment un sel ammoniacal avec l’alkali volatil de l’atmosphère ; on peut encore se servir, avec avantage, du procédé suivant : on met sur un réchaut une terrine remplie de sable ; & dans ce sable, on place un gobelet de verre rempli aux deux tiers de sel marin, sur lequel on verse de temps en temps quelques gouttes d’huile de vitriol ; les vapeurs de l’acide marin dégagées, se répandent dans l’air & s’élèvent à une assez grande hauteur. On a fait ces expériences en Bourgogne, & elles sont très-bien détaillées dans un Mémoire de M. de Montigny, de l’académie royale des sciences. Mais nous croyons devoir ajouter ici, d’après les médecins de Montpellier, qu’il