Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/663

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incisions, ou par des caustiques, des inflammations vives dans une très-grande étendue de la surface du corps ; c’est pourquoi, aussitôt après avoir saigné l’animal, on fera appliquer sur son corps vingt à trente boutons de feu, qu’on distribuera sur deux lignes parallèles de côté & d’autre de l’épine, dont elles seront éloignées d’environ quatre travers de doigt ; on appliquera aussi des boutons de feu à la partie postérieure & à la partie antérieure des oreilles, & on terminera l’opération au voisinage des naseaux, où l’on a vu une éruption galeuse, spontanée, procurer la guérison dans un veau ; on pourroit aussi appliquer utilement sur le dos, à l’opposé du cœur, quelques boutons de feu, assez près les uns des autres, pour que leurs escarres fussent embrasées par l’ouverture d’une ventouse, qui pourroit être renouvelée trois ou quatre fois consécutives. On aura lieu d’espérer les mêmes effets salutaires de la pratique suivante. Faites de chaque côté de l’épine, depuis l’épaule jusqu’à la queue, cinq ou six taillades dans le cuir, que vous détacherez du tissu adipeux, introduisez-y des brins de racines d’ellébore noir, ou de l’ail mêlé avec du sel & du vinaigre, afin d’attirer des fluxions d’humeurs abondantes sur ces plaies. (M. Malsac, habile médecin de Castres en Languedoc, a vu guérir par ce remède plus de 400 bœufs attaqués d’une maladie épizootique qui avoit beaucoup de rapport avec la maladie pestilentielle) Entretenez ouvertes pendant long-temps ces plaies qu’on aura formées par le cautère actuel, ou par des incisions, & pansez-les avec des suppuratifs qui soient animés convenablement.

On doit peu compter dans cette maladie sur le secours des vésicatoires ; l’observation a prouvé qu’ils produisoient peu d’effets dans les maladies pestilentielles des bêtes à cornes, ce qu’on croit venir de ce qu’ils attiroient trop peu les humeurs à l’extérieur du corps, & ce qui indique que l’irritation qu’ils causent, n’est ni profonde, ni durable. Les médecins de Montpellier conseillent la saignée au commencement de la maladie, & veulent qu’on la répète sur les bêtes jeunes & vigoureuses, suivant le degré de la force de la fièvre, & qu’encore on ouvre la veine aux flancs ou au col, si la poitrine ou la tête sont affectées ; mais ce qu’il importe le plus d’observer à l’égard de la saignée, c’est, disent-ils, qu’elle ne doit être pratiquée que dans les deux ou les trois premiers jours de la maladie, & peut-être seulement dans le premier jour.

Les mêmes médecins conseillent ensuite l’usage des lavemens composés avec une décoction émolliente, le miel, le nitre, l’huile de lin, & le vinaigre ; ils condamnent l’usage des vomitifs & des purgatifs violens ; mais on peut donner souvent & avec succès, un ou deux laxatifs, qu’on prépare avec le tamarin, la casse, le séné, le sel d’epsom, &c. ; les acides végétaux & le camphre conviennent encore ; on peut en faire usage les premiers jours de la maladie, en faisant prendre de quatre en quatre heures, un bol composé de dix grains de camphre, un gros de nitre purifié & suffisante quantité d’oximel : dans le même temps