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dans toute la France depuis Lille en Flandre jusque dans le voisinage de la méditerranée. Lorsqu’il est planté dans un sol qui a du fond, & dans le voisinage des eaux, il peut disputer avec le chêne en grosseur & en hauteur. Il s’accommode de tous les terrains, excepté de ceux qui sont uniquement sablonneux, graveleux ou crayeux. C’est un arbre bien précieux pour les provinces méridionales.

2. Peuplier blanc à feuilles oblongues. Je le regarde comme une variété du précédent, ainsi que celui à feuilles panachées dont il ne diffère que par ses feuilles oblongues & plus petites. J’ai très-souvent observé que la grandeur & même la forme des feuilles, varioient suivant le grain de terre ; que lorsque l’on plantoit un peuplier blanc à feuilles petites dans un bon sol, ses feuilles étoient très-volumineuses dans le commencement, mais que si sous cette première couche, il s’en trouvoit une graveleuse, &c. les feuilles reprenoient leur premier état ; & ainsi tour à tour.

3. Peuplier-tremble. Populus tremula. Lin. Ainsi nommé, parce que le plus léger zéphir agite ses feuilles, & cette tendance à un mouvement perpétuel, tient à ce que leurs pétioles sont aplatis à leur sommet. Cet arbre a un air sauvage, que quelques uns appellent triste ; comme chacun a sa manière de voir, je trouve que son port, que le frémissement occasionné par le mouvement de ses feuilles, que leur couleur, contrastent très-bien lorsque le tremble est mêlé parmi d’autres arbres dans les forêts ; seul & isolé, il produit peu d’effets. Il se plaît dans les lieux froids & humides, & n’aime à étendre ses racines dans les scissures des rochers, sous les blocs des pierres ; si elles sont gênées par la nature du sol, elles tracent à fleur de terre. Sa tige est droite, élevée, sa grosseur n’est pas proportionnée à sa hauteur ; son écorce est d’une couleur cendrée ; sa feuille est presque ronde, dentelée, lisse des deux côtés, d’un vert cendré. Sa fleuraison est beaucoup plus hâtive que celle des autres peupliers.

4. Tremble à petites feuilles. C’est une variété du précédent. L’arbre est moins haut & ses feuilles sont beaucoup plus petites ; il ne craint pas autant que l’autre les terrains secs.


Section II.

Des peupliers noirs.

Ils sont ainsi nommés pour les distinguer des précédens, parce que leurs feuilles ne sont pas blanches ni leur écorce cendrée.

1. Peuplier noir commun. Cet arbre s’élève fort haut lorsque le sol lui plaît & lorsqu’il est bien conduit par la taille ; ses feuilles sont portées par des pétioles, elles sont rhomboïdales à quatre angles, dentées en manière de scie, terminées en pointe aigüe ; leurs surfaces sont lisses & d’un vert brun ; au printemps, elles sont recouvertes d’une liqueur limpide, & les yeux ou boutons sont chargés d’un baume gluant d’une odeur assez agréable ; l’écorce est lisse pendant les premières années, elle se ride & se gerce ensuite ; ses racines s’enfoncent profondément lorsqu’elles le peuvent.

2. Peuplier d’Italie ; on pourroit le caractériser ainsi populus pyramidalis. Quelques-uns l’appellent