Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/670

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ter jusqu’à la fin de février ; & jusqu’en mars ou au commencement d’avril dans les provinces du nord, parce qu’on est assuré d’avoir des pluies au printemps. Cependant les plantations précoces sont les meilleures.

Lorsque l’on plante ce peuplier, on doit laisser quelques rameaux à son sommet afin d’attirer la séve ; sans cette précaution il ne reprend pas, du moins dans les provinces méridionales.

En supposant un bon sol, c’est toujours la faute du conducteur de l’arbre s’il n’est pas d’une bonne venue, avec une tige droite, dont la grosseur soit proportionnée à son élévation ; enfin si à la longue le tronc de l’arbre n’est pas bien sain.

Dans la première année de plantation, l’arbre doit être livré à lui-même, c’est-à-dire qu’il est nuisible de détacher du tronc les bourgeons qui paroissent çà & là, à moins qu’on n’en voye un ou deux devenir gourmands & intercepter toute la séve. Si on les laissoit subsister, ils absorberoient toute la sève, elle ne se porteroit plus au sommet, & l’année d’après il faudroit ravaler la tige jusqu’au gourmand. La multiplication des petits bourgeons concourt à celle des petites racines ; dès-lors la reprise de l’arbre est assurée. À la chute des feuilles, on supprimera ces petits bourgeons, afin que la sève, l’année d’après, se porte toute entière vers le haut. Dans les provinces du midi, où la chaleur est très-active & les pluies excessivement rares depuis la fin d’avril jusqu’à celle d’octobre ou de novembre, il est indispensable d’arroser la plantation, au moins deux fois & largement : un homme ouvre la terre autour du pied de l’arbre, la dispose en bassin, il y jette ensuite une benne ou comporte d’eau ; (voyez ces mots) c’est-à-dire, la quantité d’eau que peuvent contenir, cinquante bouteilles. Lorsque la terre a été pénétrée par l’eau, & une heure ou deux après, il retire contre le pied de l’arbre celle qui a formé les parois du bassin ; cette terre, sèche s’oppose à la grande évaporation & empêche les gerçures ou la retraite de la couche imbibée d’eau. Si le besoin l’exige on répétera la même opération dans le cours de la seconde année ; après cette époque l’arbre n’en a plus besoin.

On se presse toujours trop d’élancer cet arbre par la suppression des rameaux inférieurs. Si les pieds sont plantés près à près sur une certaine étendue, il n’y aura plus de tels rameaux à élaguer dès que les branches se toucheront par leur sommet, & ces arbres, de l’intérieur, s’élanceront malgré eux, afin de profiter des rayons du soleil. Au contraire ceux de l’extérieur en seront couverts si on a eu le soin à chaque taille de ne pas couper ras du tronc les rameaux que l’on abat ; c’est-à-dire, si on leur laisse un chicot, d’un pouce par exemple, afin que ce chicot le convertisse par la suite en bourrelet ou mamelon d’où sortiront de nouvelles branches jusqu’au temps de la mort de l’arbre. Si au contraire, ces peupliers sont plantés par rangées isolées, ils se chargeront de bourgeons dans toute la circonférence du tronc, depuis la hauteur qu’on aura fixée, puisqu’il suffit de les couper très-ras, d’emporter l’empatement du bourgeon ou de la branche pour qu’ils ne repoussent plus.

On taille tous les trois, quatre,