cinq ou six ans, suivant la force de la végétation & suivant la destination des rameaux. Si on a besoin de bois un peu gros pour le chauffage, on retarde la taille d’un ou de deux ans ; si au contraire on veut avoir des fagots pour la nourriture d’hiver des troupeaux, on émonde tous les trois ans, presque jusqu’au sommet de l’arbre, on a soin d’y laisser au moins une branche ou une tête garnie de quelques rameaux, & pas en assez grande quantité pour qu’il ne reste plus de proportion entre leur nombre & la foiblesse de la tige à cet endroit ; un coup de vent un peu fort suffit pour la casser & l’arbre ne s’élève plus. En laissant une branche unique, le tronc perd nécessairement sa direction perpendiculaire ; elle forme un coude sur lui, & pour rapprocher de la perpendicularité cette branche convertie en prolongation de tige, on est obligé, au nouvel émondage, de laisser une autre branche sur le côté opposé, de manière que le tronc forme un véritable zig-zag. Cette difformité est très-désagréable à la vue, & nuit à la valeur intrinsèque du tronc, puisque toute, la partie zig-zaguée ne peut servir qu’à brûler, tandis que si le tronc avoit été droit, on auroit pu tirer des planches de toute sa longueur, ou de bons chevrons pour les bâtimens. Un bon conducteur s’efforce de conserver la perpendicularité de l’arbre, & il émonde de manière que la taille suivante fournisse un grand nombre de fagots.
Si les fagots sont destinés pour le four, pour le chauffage, on émonde dans le courant de l’hiver ou depuis la chute des feuilles, parce que l’on profite alors de la pousse de la seconde séve. Si au contraire on veut les conserver pour nourrir le bétail ou les troupeaux pendant l’hiver, on émonde au mois d’août.
À mesure que les rameaux ou les petites branches tombent sous le tranchant de l’outil de l’émondeur, des femmes les ramassent & les lient en fagots. On les laisse ainsi pendant un jour ou deux, ou plus, suivant l’état de l’atmosphère, afin de donner le temps aux feuilles de se sécher. Le tout est ensuite transporté & rangé dans des remises ou sous des hangars, afin de s’en servir au besoin.
De l’émondage mal entendu naît la carie intérieure du tronc. Si pour faire élancer la tige on coupe au mois d’août quelque mère-branche, si on lui laisse un chicot d’un à deux pouces de longueur, les chicots des jeunes branches attireront la sève à eux, parce que leur écorce encore tendre sera facilement percée par les boutons ; au contraire, l’écorce de celle-là trop dure, ne pourra être percée ; d’ailleurs, l’écorce qui avoisine la plaie, n’aura pas le temps avant l’hiver, de la couvrir, & la partie ligneuse sera pendant près de six mois exposée aux alternatives du hâle de l’humidité ; la pourriture s’y établira, gagnera de proche en proche, & insensiblement l’intérieur du tronc ; mais comme l’écorce qui environne le chicot ne pourrit pas, il en sortira des bourgeons dans le cours de l’année suivante, qui seront autant de conducteurs des eaux pluviales dans la cavité du chicot, du tronc ; de là l’augmentation de la pourriture gangréneuse de l’intérieur. Lorsque le besoin nécessite l’amputation de pareilles mères-branches, il faut attendre la fin de l’hiver,