Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/679

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gés d’ulcères ; leurs membranes détruites, & des érosions aux vaisseaux qui avoient donné lieu à des hémorragies.

Mais ce qui prouve que dans les phthisiques de naissance les glandes lymphatiques du poumon, & le parenchyme de ce viscère, sont engorgés d’un suc scrophuleux, c’est que presque toujours on trouve chez eux de pareilles congestions dans les parties que le virus scrophuleux affecte spécialement. M. Portal a vu chez les phtisiques de naissance les plus maigres, des concrétions graisseuses, d’une consistance cartilagineuse, tantôt autour du cœur, tantôt dans l’épiploon & dans le médiastin, & quelquefois parmi le peu de graisse qui restoit dans les interstices du tronc.

La phthysie reconnoît des causes prochaines & des causes éloignées.

Dans les causes éloignées on doit comprendre la disposition héréditaire, une mauvaise conformation de poitrine, tout ce qui peut gêner les poumons, & s’opposer à leur accroissement, & à celui des organes que la poitrine renferme ; les fréquentes inflammations, & sur-tout celles qui se terminent par toute autre voie que par la résolution simple ou excrétoire ; l’exposition a un air froid & humide ; la foiblesse naturelle des fibres & du poumon ; la suppression de transpiration, & des évacuations périodiques en répercutant sur le poumon quelque humeur qui couloit par quelque émonctoire artificiel ; l’usage prématuré & l’abus du café & autres liqueurs échauffantes ; la mauvaise nourriture, l’usage habituel des alimens salés, épicés, & de haut goût ; les veilles immodérées, les jeûnes excessifs, les vives passions de l’ame, l’excès & la jouissance précoce des plaisirs amoureux ; les évacuations excessives de toute espèce ; l’abus des remèdes purgatifs ; enfin tout ce qui peut détourner les humeurs des endroits qu’elles ont accoutumé d’affecter pour se jeter sur le poumon affoibli.

Les pollutions nocturnes, & surtout la masturbation, sont deux causes très-énergiques de phthisie, & qui y mènent bien vite les jeunes gens : il seroit aisé de s’en convaincre en rappelant ici les observations que Tissot rapporte dans son excellent ouvrage intitulé, l’Onanisme, & dont on ne sauroit assez recommander la lecture aux jeunes personnes qui ont contracté cette mauvaise habitude.

Les causes prochaines ne sont point aussi nombreuses, & peuvent être réduites à tout ce qui peut occasionner la stase & congestion dans l’intérieur même du poumon, & exciter par là des tubercules, telles sont l’épaississement de la lymphe, la répercussion d’une humeur âcre & mordicante sur la poitrine, la dissolution du sang dont les principes foiblement unis, ou mal combinés, n’ayant presque aucune cohésion entr’eux, se coagulent dans le poumon, & y produisent fréquemment une obstruction.

La phthisie héréditaire ou confirmée, est incurable ; celle qui dépend d’une péripneumonie, ou de la petite vérole, ou de la suppression des évacuations ordinaires, est plus facile à guérir.

La phthisie dans laquelle la vomique se rompt tout à coup, & dans laquelle on crache un pus blanc, cuit, & dont la quantité répond