Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/682

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les pilules de Morton qui peuvent opérer la cicatrice, quoiqu’elles réagissent qu’accidentellement, en changeant seulement le mode inflammatoire. Les baumes, en général, sont nuisibles quand il y a éréthisme ; pour l’ordinaire ils l’augmentent & causent des ardeurs, des pesanteurs. Raft a très-bien vu qu’ils ne conviennent point aux phthisies avec fièvre, aux tempérament sanguins, bilieux & irritables, mais bien aux pituiteux qui ont les glandes engorgées, chez qui l’urine coule lentement, & dont l’état du poumon demande de pareils échauffans. Les baumes naturels & sur-tout les plantes balsamiques sont préférables aux artificiels, qui enflamment, échauffent & conservent une huile empyreumatique. Il faut donner en même temps des caïmans & des narcotiques modérés, tels que le sirop de diacode, les pilules de Styrax, pour procurer un repos avantageux au poumon, & faciliter la consolidation de l’ulcère. D’ailleurs, la matière de l’abcès est mieux cuite & mieux digérée dans l’état de sommeil que dans celui de veille.

3°. On corrigera l’altération générale des humeurs qui perpétuent l’affection du poumon, par un bon régime de vie & par l’usage des alimens farineux auxquels on soumettra les malades. Cardan a guéri une fille phthisique dont l’état paroissoit désespéré, avec la décoction des farineux. La nourriture végétale est en général beaucoup plus avantageuse que les alimens pris des animaux qui ont une disposition à l’âcreté & l’alcalescence, & peuvent d’autant plus exalter les humeurs. Le pain, les farines, les racines, les fruits peuvent varier agréablement le régime végétal. On pourra aussi donner des décoctions de pain sucrées, les crèmes d’orge adoucies avec de la cassonade, l’infusion de salep, les crêmes de sagou & autres alimens adoucissans. On a toujours regardé le lait comme le meilleur remède dans la phthisie. Il est certain qu’il convient très-bien dans le premier degré de phthisie, il peut même empêcher la maladie de devenir incurable : la diète blanche à laquelle on réduit les malades, est très-avantageuse, elle calme la toux, & est quelquefois préférable aux narcotiques ; mais elle est encore plus salutaire quand on la combine avec le quinquina, qui est le tonique par excellence, & les eaux martiales, surtout chez les hypocondriaques. Le lait doit être donné récemment trait, & tout chaud autant qu’il est possible. Il auroit beaucoup plus de succès si on nourrissoit les animaux dont on le tire, avec les plantes appropriées a cette maladie, telles que les aromatiques.

L’état avancé de l’ulcère du poumon, contr’indique l’usage du lait. C’est alors qu’il s’altère, qu’il cause des vomissemens, des oppressions & des cardialgies, si on s’obstine à le faire prendre aux malades. Les absorbans pourroient à la vérité prévenir cette dégénération. Mais ces correctifs sont toujours impuissans, quand la phthisie est parvenue au plus haut degré, que la fièvre hectique & l’état de consomption ont fait les plus grands progrès, le lait occasionne alors des sueurs nocturnes, des défaillances, des engorgemens & des diarrhées colliquatives qui entraînent les malades au tombeau.

Lorsque l’ulcère provient d’un catarrhe, & sur-tout d’une obstruction