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quatives ou le dévoiement. Elle a eu beaucoup de bonheur, j’en conviens ; car je ne crois pas qu’au troisième degré de cette maladie, ce moyen puisse réussir, sur-tout si le sang est en dissolution, si le pus est continuellement entraîné dans la masse des humeurs, & si la substance des poumons est détruite. Mais il est certain qu’il est capable de consolider l’ulcère, & qu’on peut vivre long-temps quoiqu’il y ait déperdition de la substance des poumons.

Du reste c’est un air que les malades respirent toujours avec plaisir, & s’ils sont dans un état totalement désespéré, il prolonge leur vie ; il diminue les douleurs, facilite l’expectoration & donne de la force aux malades ; car je crois que c’est ainsi qu’il guérit. Ils voudroient toujours en respirer, tant ils s’en trouvent bien, quoiqu’il ne faille en respirer que quelques fois dans la journée.

Je crois très-peu à l’efficacité des remèdes appelés spécifiques, & je pense même qu’aucun de ceux qu’on donne pour tels, ne mérite ce nom ; on convient, malgré cela, qu’ils peuvent réussir assez souvent. Il est facile de voir, d’après cette profession de foi, que je ne regarde donc pas comme spécifique le sirop dont je vais donner la composition, quoique je puisse assurer que par son secours j’ai rendu la santé à un grand nombre de phthisiques & qu’il a toujours eu un succès décidé dans les phthisies commençantes, lorsqu’elles n’étoient pas la suite d’une maladie accessoire ; je dis plus ; j’ai sauvé la vie à plusieurs phthisiques, dont la maladie étoit au second degré. Boerhave est l’auteur de ce sirop ; un de ses disciples m’en a communiqué la recette, & je l’ai donnée à M. Mitouard, apothicaire rue de Beaune, fauxbourg S. Germain, à Paris ; ceux qui ne voudront pas prendre la peine de composer ce sirop, peuvent s’adresser avec confiance à ce célèbre démonstrateur de chimie. Son usage produit les meilleurs effets dans toutes les espèces de rhumes, même les plus opiniâtres.

Bétoine, aigremoine, buglose, sanicle, consoude, pulmonaire, de chacun une poignée… ; mélisse deux poignées… ; ache, quatre poignées. Nettoyez bien toutes ces herbes, & les ayant coupées menu, mettez les dans un pot neuf vernissé ; mesurez l’eau que vous verserez dessus, jusqu’à ce qu’elle surpasse de la hauteur d’un travers de doigt les herbes… ; joignez-y ensuite autant de miel de Narbonne qu’il y aura de pintes d’eau… ; faites bouillir ensemble jusqu’à ce que les herbes soient réduites en pâte… ; lutez au surplus parfaitement le pot avant de le mettre sur le feu, afin d’empêcher l’évaporation des principes volatils… ; passez ensuite le tout dans un linge bien net, & exprimez fortement les herbes, afin qu’elles rendent tout ce qu’elles contiennent… ; mettez ensuite dans cette décoction, & coupez en petits morceaux, sebestes, jujubes, dattes, raisins de damas, de chacun six onces… ; graines d’orties, une once… ; fleur de sauge & de romarin, de chacune demi-once… ; faites cuire ensemble pendant une demi-heure ; exprimez de nouveau… ; mesurez cette décoction, & ajoutez-y autant de livres de sucre raffiné qu’il reste de pintes de décoction… ; faites recuire le tout ensemble jusqu’à consistance de sirop que vous garderez ensuite dans des bouteilles bien bouchées.