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de substances terreuses, unies ensemble par un gluten, & qui sont plus ou moins long-temps à revenir à leur premier état. L’air fixe (voyez ce mot) joue un grand rôle dans la formation des pierres ; les plus dures sont celles qui en contiennent le plus.

La substance terreuse a été primitivement dissoute par l’eau, & c’est par la cristallisation qu’elle est devenue un corps solide. La dureté de la pierre dépend de la pureté des principes ferreux & de leur division en molécules très-fines. Leur plus ou moins parfaite cristallisation est le produit de leur atténuation & de l’homogénéité du gluten. La démonstration de ces principes nous écarteroit de notre objet.

Les caractères qui se rencontrent dans les différentes espèces de pierres, varient à l’infini ; on peut cependant les réduire à deux : en pierres calcaires, (consultez ce mot) ou pierres susceptibles d’être converties en chaux par l’action du feu ; & en pierres vitrifiables, (consultez ce mot) c’est-à-dire, qui fondent au feu comme les métaux, & qui sont susceptibles d’être converties en verre. Les anciens naturalistes ont formé une troisième classe qu’ils ont nommée apyre, ou pierres sur lesquelles l’action du feu ne produit aucune altération. Des expériences modernes ont prouvé que toutes les pierres peuvent être réduites en chaux ou en verre. On reconnoît la pierre calcaire, en ce qu’elle fait effervescence avec les acides ; la pierre vitrifiable donne du feu, frappée avec le briquet.

Toutes les pierres ont commencé par être terre, & peu à peu elles redeviennent terre : c’est sous ce point de vue que les pierres deviennent utiles à l’agriculture, & que nous les considérerons très en détail à l’art. Terre.


Pierre à cautère. Préparation pharmaceutique composée d’alcali fixe & de chaux : mise sur une portion des tégumens ; elle l’enflamme, y cause une vive douleur & la change en un corps noirâtre, insensible, nommé escarre. On emploie ce cautère dans les espèces de maladies où il faut établir un écoulement d’humeur ; dans l’abcès dont les parties voisines sont dures, peu sensibles, lentes à se déterminer à la suppuration ; dans l’abcès où il faut pratiquer une ouverture d’un diamètre considérale, où l’usage des instrumens tranchans pourroit avoir des inconvéniens, & où le séjour du pus est plus essentiel que nuisible. Dans le cas où la chute de l’escarre est trop longue, il faut avoir recours à l’instrument tranchant pour la favoriser.


Pierre. Pharmacie.


Pierre infernale. Préparation pharmaceutique. C’est une dissolution de l’argent par l’acide nitreux ; elle détruit les substances animales & vivantes qu’elle touche ; lorsqu’on touche en même temps les chairs vermeilles d’un ulcère, elles les blanchit sur le champ, ensuite leur procure une couleur grise qui devient bientôt noirâtre : il est facile de borner son action ; rarement elle fait des fusées : ordinairement, la suppuration qui vient après la chute de l’escarre est louable & peu abondante. Elle détruit avec succès les chairs fongueuses des ulcères, même celles qui sont entretenues par un pus avec disposition vers la putridité. Souvent elle est d’un grand avantage pour borner le progrès des ulcères avec gangrène