Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/707

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de la pierre. On la suppose formée dans les reins lorsque l’urine est trouble, épaisse, chargée de sables ou de terre semblable à de la craie, & lorsque les douleurs du dos & des reins sont vives. Leur violence excite quelquefois le vomissement, des maux de cœur, des foiblesses & le pissement de sang. Arrêtée dans l’uretère, le testicule du côté affecté remonte vers son origine ; le malade éprouve une douleur vive & une tension douloureuse sur tout le trajet de ce conduit jusqu’aux parties voisines de la vessie ; les urines se trouvent supprimées si la pierre est volumineuse.

Si on urine difficilement, s’il survient des érections fréquentes de la verge, si on sent de la pesanteur dans la région du pubis, si l’on a des envies infructueuses d’uriner, d’aller à la selle, accompagnées de douleurs & d’ardeurs, si les urines coulent goutte à goutte, si elles déposent un sédiment épais accompagné de mauvaise odeur, il est à croire que la pierre est dans la vessie.

Ces signes & un très-grand nombre d’autres, sont cependant équivoques. On ne peut décidément reconnoître la présence de la pierre que par la sonde, & encore elle doit être introduite dans la vessie par une main exercée à cette opération.

La pierre & la goutte sont les deux sœurs ; on a vu des personnes être délivrées de la pierre par la goutte, & la goutte cesser par la formation de la pierre. Les vieillards & les enfans, sont plus sujets à la pierre que les adultes, & des enfans l’ont souvent apportée en naissant. Ceux qui urinent souvent & qui jettent quantité de petits graviers, ne sont pas ordinairement attaqués de la pierre. Cette maladie est plus commune dans certaines provinces que dans d’autres. Cette singularité ne tiendroit-elle pas aux boissons ? en effet on voit très-peu de calculeux & de goutteux en Champagne, sans doute, parce que les vins de cette province sont plus diurétiques que ceux de Bourgogne, de l’Orléanois & sur-tout des provinces méridionales où on les fait trop cuver.

Les personnes dont les assaisonnemens des mets sont à l’huile, celles qui ont habituellement le ventre libre, sont rarement attaquées de la pierre.

Des remèdes contre la pierre. Les boissons préparées avec les plantes ou autres substances diurétiques, & prises à bonne dose, dès qu’on s’aperçoit des premiers symptômes, facilitent la sortie des sables, des mucilages, en excitant l’envie d’uriner & en augmentant la quantité & le cours des urines. On a recommandé aux calculeux, l’usage du bois néphrétique, de la busserole, (consultez ces mots) des fraises, des fruits mûrs & fondans, une nourriture végétale, l’usage du petit lait, des plantes nitreuses, & ces préservatifs sont bons dans les commencemens, mais lorsque la pierre est formée, ils sont d’un foible secours. L’eau de chaux faite avec les écailles d’huître, ou même de chaux ordinaire, a produit d’assez bons effets, ainsi que l’usage des savons, d’eaux minérales de Contrexeville en Lorraine, de Rougeau en Languedoc ; l’eau de chaux est réputée comme le meilleur palliatif connu. L’opération de la taille débarrasse radicalement de la pierre, & on a eu beau faire, il faut à la fin s’y résoudre. Cependant on a vu des cures complettes opérées par l’eau de chaux. On en a obtenu aussi le remède publié par mademoiselle Sté-