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dans le premier accouplement. Comme dans les provinces méridionales la neige est très-rare, & reste tout au plus 48 heures ; comme les froids y sont peu rigoureux, & de courte durée, plusieurs particuliers ne donnent aucune nourriture à leurs pigeons pendant l’hiver ; j’ai suivi à la fin cet usage économique, il est vrai, mais très-mal entendu, parce que, comme dans ce pays aucune propriété n’est respectée, j’avois la douleur de voir mes pigeons tués les uns après les autres par les chasseurs, dont le nombre est plus multiplié que celui des pièces de gibier. Peu à peu ils ont détruit les grosses espèces ; cependant à la sixième année il en resta encore trois ou quatre paires. Voilà donc des espèces, jadis vraiment esclaves, devenues aussi libres que celles de la troisième nuance dont parle M. de Buffon. Il y a plus ; deux paires sont déjà à la seconde nuance, elles se retirent & nichent en dehors dans des trous, & elles ne couchent plus dans le colombier. Si les chasseurs n’étoient pas si braconniers, peut-être qu’à la longue ces pigeons passeroient à la première nuance. Les pontes de ces différentes espèces de pigeons ne sont pas plus multipliées que celles des bisets ; elles commencent & finissent en même temps que les leurs. Les bisets font ici depuis quatre jusqu’à six pontes par an, & les pattus en font de 8 à 9 ; lorsqu’ils sont nourris & lorsque le froid n’est pas tardif ou trop prématuré en automne, on est au moins assuré de quatre paires dans une année, même en ne donnant aux bisets aucune nourriture pendant l’hiver. Dans le cours de la première & de la seconde année de mon séjour près de Béziers, je jetai dans le colombier 150 paires de pigeons, il y en reste actuellement à peine 50, quoique je n’en aye pas pris une douzaine de paires. Les dimanches & les fêtes sont des jours bien redoutables pour ces pauvres oiseaux. Les individus de l’espèce parvenue à la seconde nuance, n’ont point changé de plumage, & leur grosseur ne paroit pas diminuée.


CHAPITRE PREMIER.

Des principales espèces, ou variétés de pigions.

1. Pigeon Domestique. Columba domestica ; très-varié dans la couleur, mais il a toujours la partie intérieure du dos blanche ; le bec brun ; la membrane qui couvre les narines, couverte d’une matière farineuse qui la fait paroître blanchâtre ; les pieds sont rouges & les ongles noirs.

2. Pigeon romain. Columba romana, B versicolor. Il varie en couleur, du blanc au noir, du roux au cendré, ou de l’ensemble de ces couleurs. Son col est ordinairement orné de couleurs éclatantes & comme mêlées d’or ; le bec est noir dans les uns, rouge ou couleur de chair dans les autres, & tous ont la membrane au-dessus des narines couverte d’une matière farineuse qui la fait paroître blanchâtre ; les pieds sont rouges ; les ongles noirs & quelquefois blancs. Cette espèce de pigeon est beaucoup plus grosse que la précédente, & elle fournit un grand nombre de variétés.

3. Pigeon pattu. Columba dasypes. On le distingue des autres par ses pieds qui sont couverts de plumes