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il s’y rend de préférence. Tout propriétaire qui entretiendra bien ses pigeons, y attirera sans aucune ruse ceux du voisinage qui sont mal nourris.

Une des causes qui contribue beaucoup à les faire fuir, c’est la mauvaise odeur qu’exhalent leurs excréments nommés colombine, qu’on laisse séjourner trop long-temps dans le colombier Elle doit être enlevée tous les huits jours pendant l’été, & tous les quinze jours ou tous les mois, pendant l’hiver, suivant le plus ou moins grand nombre de pigeons. Ces excrémens vicient l’air, & le pigeon ne niche que dans les boulins supérieurs. À l’article colombier nous avons indiqué un moyen sûr de dissiper l’air méphitisé.

Si c’est toujours la même personne qui porte à manger aux pigeons, qui nettoie les boulins, & si c’est toujours à la même heure, l’animal n’est point effarouché, il ne sort pas brusquement de dessus ses œufs, de dessus ses petits, & par ses efforts trop rapides il ne les précipite pas brusquement en bas du boulin.

Enfin les bisets sont relativement à leur pourvoyeur ce que sont ceux de volière pour le leur. J’en ai de si familiers, qu’ils viennent manger le pain sur ma table.

Dans les grandes métairies, il est aisé de se procurer des grains pour la nourriture d’hiver des pigeons ; mais s’il faut l’acheter, la dépense excédera le produit à moins qu’on ne soit dans la proximité d’une grande ville, où la volaille est vendue à un bon prix. Le pigeon aime beaucoup les pepins de raisins : on les sépare des pellicules après les avoir fait sécher, en les battant avec le fléau, & les vanant ensuite comme le blé. Cette nourriture ranime leurs forces pendant le froid, & j’ose répondre, d’après l’expérience & contre l’assertion de plusieurs auteurs, que ces pepins n’empêchent pas les bisets ni les pigeons de volière de pondre, c’est le froid qui les retient. Si le colombier est dans une position allez chaude, si le froid ne s’y fait pas sentir, si la donnée en pepins est assez abondante, car ils contiennent beaucoup moins de substance nutritive que les grains farineux, on verra que les pontes se continueront pendant toute l’année, excepté pendant celui où le pigeon mue. On doit cependant observer que trop d’abondance en grains rend les pigeons paresseux, qu’ils quittent avec peine le colombier, & s’ils vont à la campagne, ce n’est plus que pour s’égayer. Une pareille nourriture devient très-dispendieuse.

Dans les pays secs, dans ceux où l’eau des fontaines, des ruisseaux, &c. est très-éloignée, on fera bien d’avoir dans le colombier une ou plusieurs pompes faites de la même manière que celle des volières ordinaires, mais beaucoup plus grande & en nombre proportionné à celui des pigeons. On changera & on renouvellera au moins, tous les deux ou trois jours, l’eau de ces pompes ; si on la laisse plus long-temps, elle devient nuisible aux pigeons. La terrine sur laquelle porte cette pompe, & dans laquelle son col est renversé, doit être soutenue par deux morceaux de bols de 3 à 4 pouces d’équarrissage, afin qu’il règne un courant d’air entre la terrine & le plancher ; sans cette précaution, la fraîcheur, de la