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terrine, l’humidité qui se concentre par-dessous, pourrissient la partie du plancher qui y correspond, & très promptement s’il est en bois. On peut encore, au défaut des terrines, établir de petits réservoirs en bois ou en pierre, dans la cour de la ménagerie, les laver & les remplir d’eau chaque jour, & deux fois par jour dans les provinces méridionales. L’eau pure est un point essentiel pour le pigeon ; il boit beaucoup.

On a publié plusieurs recettes dans la vue d’attirer dans le colombier les pigeons du voisinage. La loi défend ces stratagèmes ; en supposant qu’ils produisent l’effet qu’on en attend, il est contre la probité de les employer. Heureusement ils ne produisent aucun effet nuisible aux colombiers où les pigeons sont conduits avec soin. Si au contraire on les néglige, si on les laisse entièrement à eux-mêmes, il est clair qu’ils iront chercher les commodités de la vie, & encore ils ne cèdent qu’à la nécessité. Ou n’ayez pas de pigeons, ou ne leur refusez pas ce dont ils ont besoin. Un colombier mal soigné rend très-peu, & même rien, & à la fin il se dépeuple.

Après la plus grande propreté dans le colombier, d’où dépend la salubrité de l’air, après l’eau en quantité suffisante & nette, après une nourriture convenable pendant la mauvaise saison, il est encore Une précaution très-avantageuse & qui fixe le pigeon dans sa première demeure. On voit sur les bords de la mer ces Oiseaux venir souvent de plus de deux à trois lieues, becqueter les petits cristaux de sel qui se forment contre les falaises, les rochers, &c ; ce sel n’est pas du sel marin pur, il est un peu nitreux. On voit également les pigeons becqueter les parois des murs, & sur-tout : ceux qui sont revêtus de plâtre ; c’est du vrai sel de nitre qu’ils y trouvent. L’instinct de l’oiseau nous indique ses besoins ; & puisque l’homme a rendu le pigeon domestique, il doit donc les satisfaire. À cet effet, prenez, par exemple, 20 livres de vesces ou pesettes, ou tel autre grain farineux que vous voudrez ; jetez-les dans un vase quelconque, ayez de l’argile bien corroyée & assez molle pour pouvoir être pétrie, & rendue telle par une eau dans laquelle on aura fait dissoudre 8 liv. de sel de cuisine, &c encore mieux six livres de nitre ou salpètre, amalgamez & pétrissez les grains avec cette argile, de manière qu’ils y soient bien enchâssés ou bien séparé ; faites avec ce mélange des cônes que vous exposerez à l’ardeur du plus fort soleil, ou que vous placerez dans un four modérément chaud, jusqu’à ce que toute leur humidité soit dissipée ; tenez ensuite ces cônes ou pyramides dans un lieu bien sec. On en place trois ou quatre dans le colombier, & le pigeon vient les becqueter. On s’imagine peut-être qu’il doit être sans cesse à les becqueter, à les tourmenter, afin d’en arracher le grain, & cependant il n’en est rien. J’ai observé que la saison pendant laquelle il l’attaque le plus, est l’hiver, pendant les pluies de durée, pendant qu’il nourrit ses petits, &c beaucoup plus pendant l’époque de la mue & c’est ce que j’ai